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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/829

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AU PAYS BRETON

VI [1]
DE LA POINTE DU RAZ A L’ILE DE SEIN


I. — AUTOUR DE LA BAIE

Toute cette région autour de la baie de Douarnenez était, il y a trente ans, l’une des plus inconnues de la péninsule. Je l’ai parcourue jadis, quand, pour en voir l’autre côté, — devant l’Iroise et la rade de Brest, — il fallait prendre à Châteaulin une antique patache à caisse jaune, qui ne roulait que trois fois par semaine, et, par Plomodiern et Crozon, vous menait jusqu’aux pâles échancrures de Quélern et de Camaret.

Je reviens encore en goûter les grandes solitudes. Des Plomarc’hs, par delà le vieux nid humain qu’est le port de pêche, et les vides bleuissants du golfe, nulle bâtisse visible ; aucune trace des hommes, au long de l’immense courbe. De basses falaises, dont les saillies, entre des replis d’ombre, se teignent de rose fluide, au déclin du soleil ; des plages pareilles, de loin, à des traits de lumière vive ; çà et là, quelque bois bleuâtre, — tout cela si spacieux, peu à peu estompé, voilé, à mesure que la côte développe son tour. En ce paysage, rien de changé depuis les temps où les saints, miraculeusement venus d’Irlande et de Cambrie, y posaient leurs ermitages.

On sent bien que c’est ici la fin de la terre bretonne. Là-bas, dans le Nord, cette longue levée des deux sommets chauves

  1. Voyez la Revue'‘ des 1er juillet, 1er et 15 août, 15 novembre et 1er décembre 1920.