elle-même par le grand schisme d’Occident, dans cette anarchie générale des institutions et des mœurs, il semble que tout va sombrer à la fois : les jeunes nationalités qui se forment, et le christianisme lui-même. « La sainteté se faisait rare et l’Eglise, dans ses listes officielles de saints et de bienheureux, a dû se montrer avare pour cette période-là. » Çà et là pourtant, de hautes personnalités religieuses apparaissent, qui maintiennent la survivance de l’ancien idéal : Pierre d’Ailly, Gerson, saint Vincent Ferrier, sainte Colette de Corbie, sainte Jeanne d’Arc surtout, dont la mission providentielle fut de restaurer toute la tradition française. Sauvée par la pieuse « bergerette, » la France sera le premier constitué des grands Etats modernes et, par le concordat de François Ier, elle signera avec la papauté, reconstituée elle aussi, un nouveau pacte d’alliance.
Ce pacte d’alliance allait devenir d’autant plus nécessaire qu’une révolution était sur le point d’éclater, qui devait ébranler jusque dans ses fondements la vieille cathédrale catholique. De toutes parts les âmes aspiraient à une réforme. Mais les uns, les humanistes de l’école d’Erasme, la concevaient dans l’Eglise et par l’Eglise ; les autres la rêvaient hors l’Eglise et contre l’Eglise. Ceux-ci, les violents, l’emportèrent d’abord sur les timides et les modérés. Par leurs audaces, par l’âpreté de leurs intransigeances, par la ferveur et le succès de leur prosélytisme qu’entretenaient des influences étrangères et des ambitions politiques, les réformés français rejetèrent le pouvoir royal, d’abord hésitant, du côté de l’orthodoxie romaine. Engagés dans une lutte sans merci, — on calcule qu’un tiers de la population française avait été entamé par les doctrines nouvelles, — les deux partis firent assaut de persécutions, de violences et de crimes. Enfin, après un demi-siècle de guerres civiles, quand il fut bien établi que la France ne passerait pas à la Réforme et qu’elle n’accepterait pas un roi huguenot, l’apaisement se fit : consacrant un état de fait, l’édit de Nantes imposa aux deux confessions l’obligation de se tolérer mutuellement et de vivre pacifiquement côte à côte.
Pour résister aux inquiétants progrès du protestantisme, l’Eglise avait dû opérer sur elle-même une contre-réforme dont, chaque jour, le besoin se faisait plus profondément sentir. A cet effet, elle disposa bientôt d’un double instrument, qui se révéla particulièrement efficace : les décrets du Concile de Trente et la