audience ; son avocat lui-même s’était abstenu d’y paraître : l’un et l’autre désertaient la lutte et s’avouaient eux-mêmes vaincus. On remit à huitaine pour entendre le substitut du Procureur du Roi.
Fauche-Borel était vengé : les débats avaient pleinement établi la parfaite continuité de son zèle royaliste ; — pour affirmer sa bonne foi, l’un de ses plus actifs adversaires n’avait pas reculé devant la gêne de charger d’un crime répugnant un ancien ami d’enfance ; — son avocat avait dissipé les derniers nuages qui auraient pu tacher le ciel pur de ses bonnes intentions ; — le public, à plusieurs reprises, s’était permis de manifester ses impressions favorables, presque enthousiastes ; — et son adversaire même proclamait sa propre défaite en quittant la place avant la fin du procès. Nul doute que la dernière audience ne consacrât ce triomphe et que les conclusions du ministère public ne parachevassent cette apothéose. Au jour dit, le substitut Riffé se leva de son siège et commença en ces termes : — « Une union exorbitante de noms qui ne devaient jamais être rapprochés a dû, dans ce procès, exciter votre indignation : ce qu’il y a de plus noble et de plus auguste s’est trouvé en contact avec ce qu’il y a de plus vil et de plus misérable : le nom du Roi a été proféré à côté de celui de Perlet. Qui l’a osé ? Le sieur Fauche-Borel, et, dans le devoir de notre ministère, nous sommes obligés de lui en adresser publiquement le reproche... » Jusque-là, rien d’anormal ; on pouvait croire à une assez maladroite entrée en matière : mais le substitut poursuit : — « Le sieur Fauche-Borel pouvait-il penser que le jugement du tribunal, en supposant qu’il lui fût favorable, le réhabiliterait dans les bontés qu’il avait perdues ? La décision des tribunaux peut-elle lier en rien celui de qui ils tiennent le droit de la rendre ? Les Rois attendent-ils un jugement pour oublier les torts qu’on a envers eux ? Et quand vous aurez prononcé, le monarque sera-t-il obligé de croire Fauche-Borel justifié ? Non, non, messieurs, il n’en est point ainsi ; les puissances de la terre ne doivent qu’à Dieu seul compte de leurs secrètes pensées ; elles sont placées trop haut pour qu’il nous soit permis de lire dans leur cœur, alors qu’elles ne l’ouvrent pas ; et le jugement que sollicite le sieur Fauche-Borel n’influera en rien sur ce qu’il a droit d’attendre désormais de bonté et d’estime de la part de notre auguste monarque !... »