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dront à mieux se connaître, et ainsi se trouveront renouées les traditions de l’ère glorieuse de Meiji.

« Au nom de l’armée française, je vous adresse mes chaleureux remerciements pour l’accueil que nos officiers ont toujours trouvé, tant auprès des hautes autorités militaires que de leurs camarades japonais. »

Un soir, cependant, il n’y eut pas de toast ; c’était au Cercle naval : les maréchaux, les amiraux et les généraux y recevaient le maréchal Joffre, et ce fut d’une cordialité charmante. Ils étaient là six maréchaux ou grands amiraux, au total à peine une vingtaine de convives ; au salon, le groupe principal était celui formé par l’amiral Togo, le maréchal Uehara et le maréchal Joffre qui sont devenus de véritables amis ; le maréchal Uehara parle fort bien le français et met même une certaine coquetterie à parler argot ; il sert d’interprète. En outre, il rappelle que, pendant la guerre, il fut avec le vicomte Motono un partisan convaincu d’une intervention en Europe ; mais les milieux universitaires et même militaires y étaient peu favorables ; d’ailleurs, à part la France, les Alliés ne la désiraient pas.


RÉCEPTION À L’AMBASSADE DE FRANCE

L’ambassade de France à Tokyo est une modeste demeure : les bâtiments, le mobilier, les tableaux, le matériel, tout y est vieux ; et c’est un véritable soulagement de savoir qu’une expertise récente n’accorde au bâtiment principal que trois courtes années d’existence avant de s’effondrer.

C’est pourtant cette maison inélégante qui a eu l’honneur de recevoir la première visite qu’un Prince Impérial du Japon ait jamais faite à une ambassade : il faut se souvenir de l’isolement, presque sacré, où vivait jusqu’à présent la famille impériale, pour comprendre l’importance de cette nouveauté et l’honneur que le prince Hirohito a voulu faire à la France : celle manifestation est conforme, d’ailleurs, à l’attitude que le Prince avait déjà adoptée, lors de son voyage en Europe, en marquant sa volonté de se mêler à la vie.

Dans la salle à manger de l’ambassade, d’illustres hôtes étaient donc rassemblés, le 23 janvier dernier : on y voyait des amiraux et des généraux aux bouts de la table.