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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/617

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obligée de vous redire un mot du sujet de ma première lettre. Je me plaignais à vous du silence de M. Louis qui n’a pas daigné me répondre ; je vous demandais de me vendre mes obligations, et de me faire trouver à Lyon une lettre de change de cent louis, de confier le surplus des cent louis, s’il existe, à Cécile, en demandant cependant à son père de payer autant qu’il le pourra les frais de route de sa fille avec l’argent qu’a dû lui remettre M. Bourgeois, afin qu’il m’en reste le plus possible à moi. Je vous demandais encore que cette lettre de change fût payable du 10 au 15 septembre, le 15 au plus tard : j’y serai, morte ou vive, à cette époque ; et je vous prie, monsieur, de bien expliquer à Saint-Germain qu’il faut que très certainement ma malle et sa fille (s’il n’y a rien de changé à son projet de me l’envoyer) se trouvent à Lyon le 4 [1]. Il y a plusieurs diligences ; ainsi, en s’y prenant d’avance, il est possible de trouver le calcul juste.

« Mille pardons, monsieur, de ces sots détails, et de toute la peine que je vous donne : si Saint-Germain n’eût pas gardé un silence si obstiné, je ne vous eusse importuné qu’une fois. — Recevez l’assurance de ma reconnaissance et de mon attachement.

« Le 15 septembre répond au 28 fructidor [2]. »


Un peu plus de deux mois encore ; et Pauline de Beaumont meurt à Rome, désespérée et ravie, entre les bras de Chateaubriand. Elle avait tellement prévu cette mort qu’en quittant Paris, elle avait emporté une copie olographe de son testament.- Cette copie, le samedi 5 novembre 1803, lendemain de sa mort, fut découverte et déchiffrée par les exécuteurs testamentaires qu’on avait provisoirement désignés...

Tous ces détails, Chateaubriand les avait donnés dans la simple et pathétique relation des derniers jours et des obsèques de son amie, qu’il écrivit au beau-frère de celle-ci, M. de La Luzerne, le mardi 8 novembre ; mais, par une discrétion naturelle,

  1. Le 4 septembre est le jour même où cette lettre parvint à M. Le Moine. Les bagages ne furent donc point au rendez-vous indiqué à Lyon. Deux malles confiées directement, de Paris, aux Messageries, arrivèrent à Rome seulement le Soir du 4 novembre, trois heures après la mort de Mme de Beaumont. Quant à la fille des Saint-Germain, elle renonça au projet de voyage d’abord formé pour elle.
  2. Inédit. Lettre non signée.