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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/659

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Est-il donc possible, répétons-le, possible pratiquement, de supprimer cet odieux sous-marin ?

Certainement non. Ce l’est d’autant moins que le mot de sous-marin est, en réalité, d’une signification peu précise, du point de vue militaire, — nous allons le voir tout à l’heure, — et qu’évidemment il ne saurait être interdit à l’homme, par un consortium de quatre ou cinq peuples, de jamais naviguer en plongée, s’il y trouve (et il y trouvera) quelque avantage.

Pourquoi pas lui défendre aussi de voler dans les airs et, puisqu’on y est, faire litière de tout progrès, revenir à l’état de nature : « M. Rousseau, raillait Voltaire, me donne envie de marcher à quatre pattes. » Faudra-t-il, pour servir la cause du négoce britannique, que nous rétrogradions, sur mer, jusqu’à la « Blanche nef » de l’Impress Mathilde et jusqu’au bateau-dragon d’Édouard le Confesseur ?

On ne supprimera donc pas le sous-marin ; à moins, — et ceci ne semble plus probable aujourd’hui, — que le Gouvernement britannique fasse, de notre renonciation complète à l’arme que nous avons créée de toutes pièces, la condition sine qua non du pacte de garantie dont on a parlé si longtemps, avant de passer au pacte de « non agression. »

Aussi bien, à Washington, l’Angleterre, se trouvant seule des cinq Puissances navales à parler sérieusement de suppression — car, une fois encore, il semble qu’elle n’ait pas été soutenue jusqu’au bout par l’Amérique, — ne tarda pas à battre en retraite pour occuper solidement une position de repli, celle d’une limitation étroite, pour les autres, bien entendu, du tonnage affecté aux bâtiments de plongée.

C’est à 37 500 tonnes qu’elle voulut bien s’arrêter, en ce qui nous concernait, le Japon en obtenant le double, soif 75 000 tonnes et les deux grandes marines 90 000. 37 500 tonnes, c’était dérisoire ; et si l’on réfléchit que le sous-marin moyen, le « sous-marin omnibus », si l’on ose ainsi parler, atteint le millier de tonnes, en plongée, tandis que le submersible de croisière ne peut aller à moins de 2 000 ou 3 000 tonnes, on voit aisément quel était, — encore et toujours, — le but poursuivi par nos tenaces alliés en nous imposant un chiffre