Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/723

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commerce, particulièrement des milieux Israélites, a écrit récemment une phrase dont la presse française a souligné avec raison l’importance : « Notre effort doit tendre à faire passer le problème des réparations du domaine de la politique dans celui des affaires : nous n’y arriverons que si nous nous montrons en état de présenter des propositions réelles qui puissent soutenir l’examen des hommes d’affaires. » Voilà enfin un langage raisonnable !

Le travail allemand devrait être plus que par le passé utilisé en nature à l’œuvre des réparations, c’est-à-dire sous forme de main-d’œuvre. Ce n’est pas seulement dans les régions dévastées, mais pour toute entreprise utile « au développement de leur vie industrielle ou économique, » que les Puissances alliées ont le droit d’en requérir l’emploi, par exemple pour quelque grande œuvre nationale telle que l’aménagement du Rhône. Les Gouvernements alliés ont décidé le 5 mai 1921 d’ajouter au paragraphe 19 (Partie VIII, annexe II) un alinéa parfaitement clair et explicite à ce point de vue.

Si l’on entre dans la voie des emprunts pour la mobilisation des annuités allemandes, on ne tardera guère à se heurter à des obstacles qui, presque tous, viendront de l’existence des créances de trésorerie des Alliés les uns sur les autres. Il serait inconcevable, par exemple, que la France courût le risque d’être forcée d’employer au remboursement de ses dettes envers les Trésoreries britannique et américaine les fonds que la mobilisation des annuités allemandes lui permettrait d’obtenir. Si délicat qu’il soit pour les Français de le dire, il n’est pas douteux que l’annulation des dettes interalliées est une mesure qui s’impose à tout esprit soucieux de restaurer sur le globe une vie financière et économique normale. Les dettes contractées en commun pour une fin commune devraient en bonne justice être supportées en commun. Il est significatif d’entendre sur ce point l’opinion d’une autorité anglaise, telle que M. Asquith ; il disait, le 19, dans un discours, en substance, ce qui suit : « L’amitié cordiale de la France et de l’Angleterre est essentielle pour l’avenir de l’Europe, mais la Grande-Bretagne ne saurait s’associer à des mesures de coercition pour exiger de l’Allemagne des paiements qu’elle ne peut pas faire. » L’éminent orateur propose donc : réduction du total de la dette allemande ; conditions de paiement telles que l’Allemagne puisse s’acquitter sans nuire à son commerce ni à celui des autres nations ; abandon par l’Angleterre en faveur de la France et de la Belgique de ses propres réclamations en matière de réparations ; annulation des dettes de la France et de la Belgique envers elle. Toute combinaison qui