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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/88

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avec une placide insouciance ; il a objecté simplement :

— L’Impératrice et moi, nous savons que nous sommes dans la main de Dieu. Que sa volonté soit faite !

Le prince Golitzine a conclu en implorant l’Empereur d’accepter sa démission. Il a reçu la même réponse que Pokrowsky.

Pendant ce temps-là l’Impératrice était en prières sur la tombe de Raspoutine. Chaque jour, accompagnée de Mme Wyroubow, elle s’y absorbe dans de longues oraisons.



Samedi, 20 janvier.

Le Prince héritier de Roumanie, Carol, et le président du Conseil, Bratiano, viennent d’arriver à Pétrograd.

Le ministre des Affaires étrangères s’est empressé de recevoir Bratiano. Leur entretien a été très cordial. Dès les premiers mots, Bratiano a déclaré à Pokrowsky sa résolution de fonder sur des bases durables l’alliance de la Russie et de la Roumanie :

— Cette alliance, a-t-il dit, ne doit pas être limitée à la guerre actuelle : je souhaite ardemment qu’elle se prolonge dans l’avenir.

Le prince Carol et Bratiano sont invités à dîner demain par les souverains.



Dimanche, 21 janvier.

L’Empereur a fait savoir amicalement à sa tante, la grande-duchesse Wladimir, que ses cousins, les grands-ducs Cyrille et André, devraient, dans leur propre intérêt, s’éloigner de Pétrograd pendant quelques semaines.

Le grand-duc Cyrille, qui est officier de marine, a « sollicité » une mission d’inspection à Arkhangelsk et à Kola : le grand-duc André, qui a la poitrine délicate, se rendra au Caucase.

Sazonow est nommé ambassadeur à Londres, en remplacement du comte Benckendorff, qui est mort récemment.



Mardi, 23 janvier.

Dîné à Tsarskoïé-Sélo, chez le grand-duc Paul...

Au sortir de table, le Grand-Duc m’emmène dans un petit