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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/894

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d’une cavalerie nombreuse : les corps Marwitz et Richtoffen. Ils peuvent, appliquant la doctrine allemande de l’enveloppement, marcher en échelon avancé de l’armée d’aile (Von Kluck), éclairer, couvrir le flanc extérieur de la manœuvre, reconnaître et masquer Paris : en réalité, ils ne renseignent, ni ne couvrent. Et le haut-commandement allemand ne tarde pas à éprouver les effets désastreux de cette abstention.

Notre cavalerie, au contraire, révèle les mouvements de l’ennemi et signale notamment, dès le 29 août, son rabattement vers le Sud-Est.

Le 1er corps de cavalerie français, — malgré une usure indéniable due à l’attitude offensive qui lui a été prescrite dès le premier jour, en poussant dans les Ardennes belges jusqu’aux portes de Liège, sans jamais souffler un instant, — a donc non seulement préparé la bataille, en fournissant le renseignement stratégique nécessaire, mais il a, par sa présence et sa supériorité morale, neutralisé la cavalerie adverse.

Ainsi, devenue aveugle, l’armée allemande était vouée à la surprise et à la défaite.

Ce fut l’Ourcq et ce fut la Marne.

Alors la bataille s’engage sur tout le vaste front qui s’étend des Vosges à Paris, ligne immense que nos effectifs ne peuvent garnir sur toute son étendue sans risquer d’être trop faibles partout ; elle s’articule pour offrir aux poussées de l’assaillant des parties résistantes qui laisseront forcément entre elles des intervalles, des vides, points vulnérables qu’aurait pu trouver la cavalerie ennemie, mais que masque la nôtre.

En Lorraine, un corps de cavalerie a été constitué sous les ordres du général Conneau. Après la bataille de Sarrebourg, il couvre l’intervalle qui se crée entre les 1re et 2e armées en retraite. Le 25 août, c’est la Bataille de Lorraine : les Allemands poussent sur la jointure des 1re et 2e armées, pour la désarticuler, visant, au Sud de Rozelieures, la trouée de Charmes ouverte entre nos places d’Epinal et de Toul. Notre infanterie perd Rozelieures, d’où débouche l’ennemi. Mais, en face de lui, la 6e division de cavalerie garnit, avec ses escadrons à pied et ses cyclistes, les lisières du bois de Lalau. Tous ses efforts sur ce point sont rejetés de 10 heures à 16 heures, avec des pertes sévères. L’arrivée d’un bataillon de chasseurs, puis d’une division du 16e corps, assure définitivement la possession de ce