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Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/112

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s’était résolument mise en marche ; le général Villagran avait vu des inconvénients à cet itinéraire et avait dégagé sa responsabilité sur les conséquences d’un ordre qu’il se déclarait d’ailleurs prêt à exécuter. Le général Baquedano n’hésita pas à le renvoyer au Chili : « La responsabilité d’un ordre, écrivait-il à cette occasion, retombe uniquement sur le général en chef qui le donne sans que celui qui l’exécute ait le droit de le qualifier, puisqu’il remplit son devoir en se bornant à obéir. » Pendant que la deuxième brigade se rembarquait à Pisco et rejoignait par la mer, la brigade Lynch couvrait 200 kilomètres sans rencontrer de résistance sérieuse et reprenait sa place de bataille le 25 décembre.

A Lima, le chef suprême, don Nicolas de Pierola, continuait à déployer la plus grande activité. La capitale avait été protégée par un ensemble important de fortifications et en particulier une citadelle s’était élevée sur chacune des collines San-Bartolomé et San-Cristobal qui dominaient immédiatement la ville. Deux lignes la couvraient au Sud, la première à douze kilomètres de Lima, appuyée au Morro-Solar en avant de Chorillos et de San-Juan, longue de 14 kilomètres ; la seconde à six kilomètres de la première et de Lima, près de Miraflorès. Dès novembre, le débarquement de la division Villagran sur la côte Sud avait révélé l’intention de l’envahisseur d’attaquer de ce côté, et les travaux de ce secteur avaient été l’objet d’un soin tout particulier. Elles étaient convenablement tracées, et utilisaient les accidents de terrain ; mais les retranchements paraissent avoir été assez faibles et aucune défense accessoire ne semble avoir été prévue ; en particulier, la défense avait utilisé les murs de clôture en les perçant de meurtrières et sans les renforcer, et dans ce pays privé de pluie, ils sont en terre séchée au soleil, rarement à l’épreuve de la balle, et ne peuvent résister au canon.

Quoi qu’il en soit, les défenses de Lima inspiraient une confiance absolue à l’armée et à la population de la capitale ; par des revues, de grandes cérémonies religieuses et militaires, Pierola avait exalté le sentiment patriotique au plus haut point. Quelques contingents indiens venus de l’intérieur avaient renforcé l’armée régulière, formée à quatre divisions, qui défendait la première ligne Chorillos-San-Juan ; l’armée de réserve, dont l’effectif n’était que de dix mille hommes, s’établit dans la seconde ligne, celle de Miraflorès à San-Bartolomé.