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leur Gouvernement Le résultat de l’intervention américaine fut d’écarter les médiations étrangères et de prolonger les hostilités en donnant au Pérou l’illusion décevante d’une action modératrice qui, de la part des Etats-Unis, devait rester à l’état de velléité passagère.

Cependant l’amiral Montero, devenu vice-président de la République péruvienne, avait rejoint Aréquipa, où un petit corps de 5 000 hommes protégeait son Gouvernement. Le colonel Cacerès, nommé général, luttait pour l’indépendance dans la région Andine, avec une alternative de succès et de revers. En 1882, il avait délivré la vallée de Jauja ; mais, en juillet 1883, les Chiliens avaient repris pied dans les montagnes et l’avaient battu à Huamachuco ; en même temps, une expédition montée de toutes pièces avait détruit les forces péruviennes de l’amiral Montero et occupé Aréquipa. Le général Iglesias, qui commandait les territoires du Pérou septentrional, n’avait pas réussi à y organiser une résistance sérieuse, et plusieurs expéditions chiliennes avaient parcouru le pays, levant de lourdes contributions de guerre et brûlant les villes quand elles se refusaient à ces paiements.

En l’absence de tout gouvernement régulier, Iglesias assuma la pénible tâche de conduire les négociations pour la paix, malgré l’intransigeance du brave Cacerès, qui, tout couvert de blessures, réorganisait de nouvelles forces dans son repaire natal d’Ayachuco, se refusant à toute paix qui eût été fondée sur une cession de territoire.

Le traité définitif fut précédé de conférences préliminaires ; le Chili demandait la cession pure et simple du territoire de Tarapaca et la vente obligatoire de Tacna et Arica moyennant dix millions de pesos (50 millions de francs). Il finit par consentir à l’occupation temporaire de Tacna et Arica pendant dix ans, au bout desquels un plébiscite déterminerait le pays auquel le territoire reviendrait. Le traité d’Ancon fut signé en conséquence le 20 octobre 1883 et ratifié le 8 mai 1884 ; il stipule la cession à perpétuité et inconditionnelle de la province de Tarapaca ; dans son article III, il définit les limites des provinces de Tacna et Arica, dont le territoire « continuera à être possédé par le Chili et soumis à la législation et aux autorités chiliennes durant un délai de dix années, à compter de la ratification du présent traité de paix. Le délai expiré, un plébiscite décidera.