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Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/293

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grand-duc Michel, la grande-duchesse Hélène, la grande-duchesse Olga, la grande-duchesse Marie, la grande-duchesse Alexandra, etc... Les fêtes se déroulaient avec un luxe inouï et un apparat splendide.

L’ancien ambassadeur d’Angleterre, Lord Loftus, qui fut témoin de cette période fastueuse, a pu écrire dans ses Diplomatie reminiscences : « La cour est très brillante et admirablement tenue ; elle a quelque chose de la pompe orientale. Les bals, avec la romantique mise en scène de la garde circassienne, avec la pittoresque variété des uniformes, avec la beauté des toilettes, avec le féerique scintillement des bijoux, dépassent en splendeur et en magnificence tout ce que j’ai vu dans les autres pays. »

Théophile Gautier, qui visita précisément la Russie en 1865, et qui obtint la faveur d’assister à un bal de cour, a épuisé les ressources de son vocabulaire pour nous décrire cette fête. Afin de mieux voir l’ensemble, il s’était posté dans la galerie qui domine la salle de Saint-Georges : « La première impression, en se penchant sur ce gouffre de lumière, est comme un vertige. D’abord, à travers les effluves, les rayonnements, les irradiations, les reflets des bougies, des glaces, des ors, des diamants, des pierreries, des étoffes, on ne distingue rien. Une scintillation fourmillante vous empêche de saisir aucune forme. Puis, bientôt la prunelle s’habitue à son éblouissement et elle embrasse, d’un bout à l’autre, cette salle aux dimensions gigantesques, toute en marbre et en stuc blanc... Ce ne sont qu’uniformes plastronnes d’or, épaulettes étoilées de diamants, brochettes de décorations, plaques d’émaux et de pierreries formant sur les poitrines des foyers de lumière. Les habits des hommes sont si éclatants, si riches, si variés que les femmes, avec leur élégance moderne et la grâce légère des modes actuelles, ont de la peine à lutter contre ce massif éclat. Ne pouvant être plus riches, elles sont plus belles : leurs épaules et leurs gorges nues valent tous les plastrons d’or. »

Dans ce cadre féerique, il esquisse un vivant portrait de l’Empereur : « Alexandre II portait ce soir-là un élégant costume militaire, qui faisait valoir sa taille haute, svelte, dégagée. C’était une sorte de veste blanche, descendant jusqu’à mi-cuisse, à brandebourgs d’or, bordée en renard bleu de Sibérie au col, aux poignets et sur le pourtour, étoilée au flanc par les plaques des grands ordres. Un pantalon bleu de ciel, collant, moulait les