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l’ordre du consulat d’Allemagne est des plus difficiles. D’ailleurs, l’affaire doit lui rapporter 2 000 douros...

« Le consul de France est l’un des plus craintifs et il se gardera de toute provocation, »


C. Fiche à C. Fiche, Casablanca.


Mazagan, 29 juillet 1914.

« Cours : Comme le cours est monté à 130, je me vois incité à vous demander télégraphiquement le cours de là-bas, ainsi que de m’indiquer plus en détail, si la guerre entre l’Autriche et la Serbie est déclarée. Je ne crois guère que cela en vienne à une guerre générale, car ni la Russie ni la France ne semblent être très préparées. »


On pourrait publier quantité d’autres lettres, car plus de 500 pièces suggestives ont été extraites des archives saisies, mais nous en avons assez dit pour montrer comment s’est déroulée la trame de l’intrigue allemande.

Aussitôt après l’accord de 1904 qui consacre les droits de la France, l’Allemagne lie partie contre nous avec le sultan Moulay-Hafid qui garantit par écrit sécurité et protection aux Allemands. Le docteur Mauchamps est assassiné à Marrakech, grâce aux manœuvres du pseudo-médecin allemand Ilolzmann. Puis cinq ouvriers français du port de Casablanca sont assommés. C. Ficke, chef du service secret, provoque les soldats français et les menace de son revolver, — cherchant visiblement « l’histoire. » La selle du docteur Picard tué et mutilé est trouvée chez un de ses protégés.

Les Allemands importent les armes par 30 et 40 000 pièces à des prix dérisoires qui sentent « la subvention, » et les munitions par millions de pièces ; on y joint même du matériel de télégraphie optique. Bref, on équipe consciencieusement nos ennemis de pied en cap.

Une délégation va rappeler à l’Empereur, qui, « avec sa nature impulsive, » fera des promesses, les paroles qu’il prononça à Tanger en 1905 : « Casablanca entendra encore parler de moi. » Comme on désire et qu’on cherche la guerre, on prévoit qu’il