On sème les embûches sous les pas de nos malheureux officiers et l’on fait décimer sournoisement nos soldats. « On croit que le commandant M... est destitué. Mais il parait que cela a coûté aux Français 20 morts et 40 blessés. »
On se réjouit de ce que la « situation européenne reste très tendue ; » on affirme « qu’il est grand temps qu’on en flanque un soigné sur la tête à cette bande. »
L’entente est complète avec les dissidents qui obéissent aux ordres des Allemands : « Nous vous informons que nos compagnons de Chaouïa montent à cheval pour se rendre à Casablanca à cause des Français... Nous nous tenons à votre disposition ; nous attendons votre réponse. » On prépare le massacre général des Français au Maroc : « Si la guerre éclate, il faudra faire en sorte que pas un Français ne sorte vivant de la Chaouïa. »
Enfin, voici le but cyniquement avoué, vers lequel tendait toute l’action allemande : « Une occasion meilleure va se présenter, qui permettra de découper le reste du Congo ou n’importe quel autre morceau de la France. » On ne saurait être plus clair. Et l’un des chefs du Service secret s’écrie, débordant d’enthousiasme : « Tout cela est l’œuvre de notre Empereur. » Ce qui n’empêche pas ce dernier, tremblant de peur devant le coup manqué, de déclarer aujourd’hui avec des larmes dans la voix : Je n’ai pas voulu cela !