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en 1889, à la constitution d’une société unique. Il avait fallu dix-neuf ans d’efforts et de marchandages, avec un gaspillage inouï des richesses naturelles, pour réaliser ce qui eût été obtenu dès le premier jour par une concession rationnelle. L’œuvre de fusion définitive, grâce à laquelle la puissante compagnie de Beers a atteint sa renommée mondiale, fut le premier succès du fameux Cecil Rhodes, qui, plus tard, devait doter l’Angleterre d’un pays entier, la Rhodesia.

A partir de ce moment, l’histoire de l’industrie diamantifère dans l’Afrique du Sud perd son intérêt pittoresque. J’ajoute donc seulement que, dans la suite, la de Beers a pu acquérir, contrôler, ou grouper en un syndicat de producteurs presque toutes les autres mines de diamants, en sorte que toute l’extraction du diamant est pratiquement dans ses mains. Techniquement, la fusion a eu un autre résultat. Au lieu de l’exploitation à ciel ouvert devenue impossible, on a pu forer, auprès de chaque cheminée diamantifère, dans le terrain stérile, un puits au rocher, relié au gisement par une série de galeries à divers étages. Au moyen d’une exploitation méthodique avec remblai, la totalité de la roche diamantifère est maintenant remontée au jour et soumise à un traitement qui en retire tous les diamants.

Cette exploitation a pu être poussée jusqu’à sept et huit cents mètres de profondeur. Les chantiers y sont exactement pareils à ceux d’un charbonnage, boisés de même et aussi noirs, avec ce seul avantage apparent que, n’y craignant pas le grisou, on peut s’éclairer à feu nu. Ceux qui connaissent un peu l’industrie minière remarqueront un autre privilège anormal de cette exploitation, dans laquelle on extrait uniquement du minerai utile sans aucun mélange de roche stérile, puisque la cheminée est entièrement remplie de roche diamantifère et séparée des terrains encaissants par une paroi lisse, un véritable mur, contre lequel on s’arrête. Il est vrai que, dans cette roche utile, il faut ensuite glaner péniblement les diamants.

J’ai déjà nommé les principaux gisements de Kimberley. Jusqu’à la fusion, on avait travaillé sur tous. Quand la de Beers se constitua en 1888 et 1889, elle commença par réglementer l’extraction annuelle d’après les besoins du marché ; elle ferma donc, malgré les protestations, les mines Bultfontein et Dutoitspan pour exploiter seulement celles de Kimberley et de