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certain nombre de spirales. Mais la séparation des diamants n’est jamais complète ainsi, parce qu’elle laisse, avec eux, des minéraux d’analogue densité. Il faut toujours finalement recourir à un triage habile par des mains humaines.

Ce triage, qui s’effectue à toutes les étapes du broyage, consiste à faire défiler les minerais sur des tables mobiles devant une suite d’ouvriers. Les premières opérations de ce genre sont généralement faites à l’état humide par des blancs ; les dernières, sur le sable séché, par des noirs. Les diamants bruts n’ont aucunement l’éclat caractéristique des diamants taillés. Ils ressembleraient plutôt à de petits grains de quartz, mêlés surtout avec les grains rouges de grenat et les péridots verts ; on arrive aisément à les reconnaître. A la fin, toute la production d’une journée est apportée dans un atelier spécial, où des ouvriers d’élite sont installés sous des fenêtres donnant une large lumière. Ceux-ci examinent les diamants sur des feuilles de papier blanc pour les classer par dimension, par qualité, les peser, leur constituer un état civil. Jusqu’à l’entrée dans cet atelier, personne ne connaissait encore ni la quantité ni la valeur des diamants extraits, dont on peut se représenter le volume journalier comme remplissant un peu moins d’un litre. A partir de ce moment, au contraire, chaque pierre acquiert une personnalité qui, en cas de soustraction frauduleuse, permettrait immédiatement de l’identifier, comme un malfaiteur ayant passé au service anthropométrique. Il est inutile d’ajouter, à ce propos, que des précautions de tous genres sont prises contre des vols trop faciles ; elles pourraient constituer, à elles seules, un chapitre humoristique dans la description de cette curieuse industrie.

Quelques chiffres récents vont préciser les proportions dans lesquelles s’effectue au Cap l’extraction diamantifère. Je les prends immédiatement antérieurs à la dernière crise qui, je le disais en commençant, trouble et paralyse depuis deux ans l’industrie du diamant et, par conséquent, relatifs à l’année 1919-1920 (les comptes annuels étant arrêtés au 30 juin). Cette année-là, la Société de Beers a extrait, au total, de ses trois mines (Wesselton, Bultfontein et Dutoitspan), 5 750 000 loads de « terre bleue ; » elle en a lavé à peu près autant et elle a obtenu ainsi 1 370 537 carats de diamants (274 kilogrammes) : ce qui représente, pour l’ensemble, environ 0,24 carat par