à résoudre pour se mettre d’accord, j’ai cru devoir traiter cette question avant toutes les autres. J’ai proposé d’abord de faire valoir les griefs auxquels donne lieu la peu fidèle exécution, de la part de l’Autriche, de son traité de commerce avec nous. A cela, l’Empereur a répondu qu’une question commerciale, de médiocre importance, ne pouvait donner lieu à une grande guerre destinée à changer la face de l’Europe.
Je proposai alors de mettre en avant, de nouveau, les causes qui nous avaient déterminés, au Congrès de Paris, à protester contre l’extension illégitime de la puissance de l’Autriche en Italie, c’est-à-dire le traité de 1847 entre l’Autriche et les ducs de Parme et de Modène, l’occupation prolongée de la Romagne et des Légations, les nouvelles fortifications élevées autour de Plaisance.
L’Empereur n’agréa point cette proposition. Il observa que, puisque les griefs que nous avions fait valoir en 1856 n’avaient pas été jugés suffisants pour amener l’intervention de la France et de l’Angleterre en notre faveur, on ne comprendrait pas comment, maintenant, ils pourraient justifier un appel aux armes. « D’ailleurs, a-t-il ajouté, tant que nos troupes sont à Rome, je ne puis guère exiger que l’Autriche retire les siennes d’Ancône et de Bologne. » L’objection était juste. Il me fallut donc renoncer à ma seconde proposition. Je le fis à regret, car elle avait quelque chose de franc et d’audacieux qui allait parfaitement au caractère noble et généreux de Votre Majesté et du peuple qu’elle gouverne.
Ma position devenait embarrassante, car je n’avais plus rien de bien défini à proposer. L’Empereur vint à mon aide et nous nous mîmes ensemble à parcourir tous les États de l’Italie pour y chercher cette cause de guerre, si difficile à trouver. Après avoir voyagé dans toute la Péninsule sans succès, nous arrivâmes, presque sans nous en douter, à Massa et Carrara, et, là, nous découvrîmes ce que nous cherchions avec tant d’ardeur Ayant fait à l’Empereur une description exacte de ce malheureux pays dont il avait d’ailleurs déjà une idée assez précise, nous convînmes que l’on provoquerait une adresse des habitants à Votre Majesté, pour demander sa protection et réclamer même l’annexion de ces duchés à la Sardaigne. Votre Majesté n’accepterait pas la sédition proposée, mais, prenant fait et cause pour les populations opprimées, adresserait au duc de Modène