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étrangers fréquentant nos ports ne sont pas soumis aux mêmes exigences que les navires français ; c’est une violation déraisonnable du principe de l’égalité de traitement des pavillons dont nous nous rendons coupables au détriment du nôtre. Citons, par exemple, le contrôle des inspecteurs de la navigation, relativement aux prescriptions de sécurité et d’hygiène. Ces prescriptions sont appliquées sévèrement à bord de nos navires ; les étrangers ne les observent point malgré leur caractère d’ordre public. Un navire qui abandonne notre pavillon pour hisser celui d’un gouvernement étranger peut trafiquer dans nos ports dans de meilleures conditions que lorsqu’il était français. D’autres exemples de surcharges d’exploitation peuvent être tirés du fait que les lois régissant notre marine marchande, notamment les lois fiscales, n’ont jamais été prises en tenant compte de la situation particulière de notre pavillon. Presque toutes ces lois se retournent au contraire contre lui et favorisent indirectement la fréquentation de nos ports par les étrangers. Tel est le cas de la législation des droits de quais

Comment ne pas féliciter M. Rio d’avoir au moins supprimé une surcharge d’exploitation qu’il lui était possible d’abolir d’un trait de plume, nous voulons parler de la loi de huit heures ? Il est assez difficile d’évaluer les charges supplémentaires qui découlaient de son application. On a parlé de 150 millions, compte tenu du déficit d’exploitation entraîné par les nouveaux aménagements d’équipage prélevés au détriment des marchandises ou des passagers. M. Raphaël-Georges Lévy a chiffré même ces charges à 177 millions. Nous pensons, en prenant l’exemple d’une compagnie que nous connaissons bien, que de tels calculs sont un peu exagérés, car ils se basent sur un raisonnement plus théorique que pratique. Il n’en est pas moins vrai que les équipages réglementaires sur les navires français étaient très sensiblement supérieurs à tous les autres. Sur certains cargos, nous devions embarquer trente-deux hommes, alors que les autres puissances n’en exigeaient que dix-sept. N’était-il pas intolérable que des navires étrangers vinssent à la faveur d’une législation plus libérale faire concurrence aux nôtres dans nos propres ports ! L’on ne sera pas étonné d’apprendre que ces étrangers avaient déclaré à nos armateurs une guerre de tarifs contre laquelle il leur était impossible de lutter. Ou la loi de huit heures devait être internationalisée, ou nous