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Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/431

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essentielle au Pays. Aussi ne doit-on pas s’étonner que la Commission extra-parlementaire de la Marine ait inscrit cette question au premier rang de ses délibérations. C’est même sur cet ordre du jour que la Commission a formulé ses premières conclusions. Avant de partir en vacances, elle a voté à l’unanimité, une longue résolution suggérant à M. le sous-secrétaire d’Etat à la marine marchande « de saisir le Gouvernement de l’urgence qu’il y aurait à déposer le plus tôt possible un projet de loi ayant trait à la création d’une caisse nationale de crédit maritime sur les bases suivantes. L’organisme serait constitué sous la forme d’une société anonyme par actions. Cette société pourrait émettre des obligations qui, jusqu’à concurrence de 500 millions, bénéficieraient de la garantie de l’État pour le service des intérêts et de l’amortissement. Cette garantie serait établie de préférence dans les conditions déjà existantes pour les obligations émises par le Crédit national en raison des prêts au commerce et à l’industrie que cette institution est autorisée à consentir. » M. Rio, comprenant toute l’importance qui s’attache à cette question de crédit, a nommé une commission interministérielle, présidée par M. le conseiller Firman, assisté de personnalités particulièrement compétentes, afin d’étudier un texte qui doit être présenté au Conseil des ministres après accord avec le ministre des Finances. Il est donc vraisemblable qu’un projet de loi sera prochainement déposé pour répondre aux vœux de la Commission, et que le Parlement aura à discuter le principe de cet institut de crédit maritime. Toutes les nations cherchent à en constituer d’analogues. L’Angleterre elle-même, malgré la faveur dont jouissent chez elle les affaires d’armement, a reconnu l’utilité d’une telle institution placée sous le contrôle des « leaders » de l’industrie et qui serait destinée à lui fournir une aide financière en veillant à ce qu’aucun soutien ne soit accordé à des entreprises aventureuses. La première nation qui aura su fonder le crédit maritime sur des bases solides assurera à son pavillon une incontestable supériorité. Le crédit, comme l’appareil de démarrage d’un moteur, donnera à notre marine marchande le premier élan qui lui est nécessaire pour prendre son essor et pour marcher vers un avenir plein de promesses.


RENE LA BRUYERE.