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Les travaux réalisés depuis le début du XXe siècle ont beaucoup avancé nos connaissances en astronomie nébulaire. Ils ont peu à peu démontré que, — contrairement à la conception qui vient d’être rappelée, ― les nébuleuses spirales sont, quelle que soit leur nature, des objets colossaux et situés à des distances énormes de nous. Leurs diamètres doivent être exprimés en années de lumière (rappelons que celle-ci emploie à nous venir de la lune, une seconde, du soleil, huit minutes, de l’étoile la plus proche, quatre ans). Rappelons aussi que l’unité de distance sidérale la plus généralement utilisée par les astronomes depuis peu n’est pas l’année de lumière, mais le parsec, distance correspondant à une parallaxe d’une seconde, et qui équivaut à un peu plus de trois années de lumière (exactement 3,26).

Il ne saurait donc, en tout cas, plus être question de considérer chaque nébuleuse spirale comme pouvant être l’origine d’une seule étoile.

Ainsi, par la force des choses, on est revenu à l’hypothèse des Univers-Iles de Herschel. Mais l’accord est loin d’être établi à son sujet. L’objet de la présente étude est précisément de l’examiner, de discuter les faits contradictoires et récents qui tendent à étayer ou à renverser cette hypothèse, de scruter les incompatibilités apparentes qui se dressent, et qui ne sont peut-être que des résultats fallacieux de l’imperfection de nos méthodes.

À l’heure qu’il est, la conception des Univers-Iles peut être résumée ainsi : la Voie lactée, le système galactique dont fait partie notre soleil, et avec lui tous les amas d’étoiles et toutes les nébuleuses gazeuses qu’on a observés, n’est qu’un des centaines de milliers de systèmes semblables à lui que sont les nébuleuses spirales, et qui sont à des distances de nous comptant par centaines de milliers et par millions d’années de lumière.

Voyons maintenant les faits :

On estime, d’après les jaugeages faits surtout dans les grandes observations américaines, qu’au moins un million de nébuleuses spirales accessibles aux puissants réflecteurs modernes sont répandues dans l’Univers. Elles sont surtout nombreuses vers les pôles de la Voie lactée, plus nombreuses vers son pôle boréal que vers son pôle austral, et elles se raréfient à mesure qu’on se rapproche du plan galactique lui-même, où elles sont presque absentes.

Leur forme est généralement celle d’une spirale logarithmique à