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étendus. En effet, disait-on, puisque les nébuleuses spirales sont plus nombreuses aux pôles galactiques et se raréfient à mesure qu’on se rapproche du plan de la Voie, cela prouve que ce plan est pour elle un plan de symétrie ; cela prouve que leur distribution, leur répartition est commandée par ce plan ; cela prouve donc nécessairement qu’elles sont étroitement liées à la concentration stellaire de la Voie lactée, sous sa dépendance, domestiquées par elle, c’est-à-dire nécessairement dans sa proximité.

Ce raisonnement a paru un temps irréfutable. Il a perdu toute sa valeur du jour où on a découvert, en divers points de la Voie lactée, des masses de gaz nébulaires obscurs qui interceptent et absorbent plus ou moins les rayons lumineux provenant des étoiles placées au delà. Il était d’ailleurs naturel de penser, — on aurait pu le concevoir a priori, bien qu’on ne semble pas s’en être avisé, — qu’une partie des molécules légères des atmosphères stellaires, comme aussi les poussières et les particules légères qui en sont chassées par la pression de la lumière, doivent exercer une absorption sur la lumière. Ces poussières et matières diffuses absorbantes doivent nécessairement s’accumuler dans le plan galactique, là où les étoiles sont plus nombreuses. Il suit de tout cela qu’il est tout naturel que les nébuleuses spirales, même si elles sont réparties uniformément dans toutes les directions, soient vues en moins grand nombre dans la direction du plan galactique, car là leur lumière subit une absorption beaucoup plus marquée de la part des poussières diffuses et des matières nébulaires qu’elle rencontre. Il en résulte naturellement qu’on voit dans ce plan moins de spirales que dans les directions perpendiculaires, parce qu’elles y sont beaucoup plus masquées par les matières absorbant la lumière.

D’ailleurs, l’étude attentive des nébuleuses spirales montre qu’elles sont entourées, pour la plupart, d’un anneau de matière diffuse et absorbante situé dans leur plan. Si elles sont assimilables à la Voie lactée, celle-ci doit réciproquement être entourée d’un anneau de matière absorbante semblable au leur, et ceci tend à confirmer nettement l’explication qui vient d’être esquissée et qui est maintenant généralement admise de la raréfaction apparente des nébuleuses spirales, à mesure qu’on s’éloigne des pôles galactiques.

Nous en arrivons maintenant à la grande objection expérimentale, — qui a paru longtemps et paraît encore à beaucoup décisive, — qui a été dressée récemment contre l’hypothèse des Univers-Iles. A l’observatoire de Mount Wilson, M. van Maanen qui est un spécialiste de ces