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Chronique 14 janvier 1923

CHRONIQUE DE LA QUINZAINE

Présentant, le 1er janvier, à M. le Président de la République les vœux du corps diplomatique dont il est par tradition le doyen, le Nonce apostolique souhaitait que « l’année nouvelle nous apportât enfin la paix complète et réelle après laquelle l’univers entier soupire ; » il remarquait avec tristesse que « en Europe même les ruines de la guerre ne sont pas encore relevées, les plaies qu’elle a laissées ne sont pas encore fermées, » et il ajoutait que le concours des hommes d’État, des économistes, des financiers, des industriels n’y suffirait pas, qu’il y faudrait encore « des efforts d’ordre moral et spirituel. » Ces belles paroles faisaient écho à l’Encyclique, d’inspiration si élevée et de forme si noble dans son texte latin, par laquelle Pie XI, à l’occasion de cette fête de Noël qui promet « la paix aux hommes de bonne volonté, » affirme son magistère supranational et proclame la souveraine efficacité des forces morales pour établir la paix sociale aussi bien que la paix des peuples. Lui-même, dans son zèle à promouvoir la paix des consciences pour aboutir à l’union des volontés, annonce l’intention de rouvrir au Vatican les sessions du Concile œcuménique interrompu en 1870 : ce serait un grand fait dans l’ordre religieux, comme dans l’ordre social et politique. A la voix pacificatrice du Saint-Père, les Français ne sont pas rebelles ; à qui leur demande : « Avez-vous l’esprit de paix ? » la main sur la conscience, ils ont le droit de répondre : « Nous l’avons. » Mais on ne saurait fonder la paix que sur la justice, et il n’est pas de justice sans réparations. L’auteur conscient et responsable du mal est tenu à le réparer dans toute la mesure de ses moyens. « La paix, a dit fortement M. Millerand dans sa réponse à Mgr Cerretti, ne peut s’établir que sur la base des traités et sur le respect des droits acquis et des engagements contractés... La France veut de toute son âme la paix. Ce serait un paradoxe insoutenable que prétendre