ne serons, vis-à-vis de l’Angleterre, ni des adversaires ni des dupes.
La question de Mossoul pourrait être réglée par une négociation directe entre la Turquie et l’Angleterre, comme l’a été celle de Cilicie avec la France. Sur les Détroits l’accord est probable et serait déjà conclu sans les intrigues bolchévistes. Le problème de la législation qui doit remplacer les capitulations est plus délicat ; les Turcs voient, sans raison suffisante, une diminution de leur souveraineté et de leur indépendance dans toute mesure qui assurerait aux étrangers certaines garanties indispensables pour qu’ils risquent leurs personnes et leurs intérêts en Turquie ; s’ils s’abstenaient d’y venir, ce serait, pour l’Anatolie, la mort par consomption et isolement. Le délégué japonais, avec finesse et bonne humeur, rappelant l’exemple de son pays, a expliqué aux Turcs que c’est à eux-mêmes qu’il appartient d’abord de prouver, en acceptant, au moins à titre provisoire, un régime de garanties spéciales pour les étrangers, que ceux-ci trouveront en Turquie justice impartiale et administration probe ; il faut à la Turquie une législation civile, un code, dont le Chériat ne saurait tenir lieu. Il paraît nécessaire aussi que certaines garanties soient accordées aux minorités religieuses : c’est, pour l’Europe, une question d’honneur. Le patriarcat grec orthodoxe perdra évidemment, comme le Sultan a perdu les siens, les droits et l’autorité politiques que lui avait concédés Mahomet II, mais il devrait garder ses pouvoirs religieux sur son peuple et continuer de résider au Phanar. Les longueurs de la Conférence et l’intransigeance des Turcs auraient, paraît-il, rendu aux Grecs le goût des aventures ; ils montreraient quelques velléités de reprendre l’offensive et de tenter un coup de main sur Constantinople : la France, l’Angleterre et l’Italie, qui ont su imposer aux Turcs le respect de l’armistice, se sont vite trouvées d’accord pour recommander fermement au Gouvernement d’Athènes la prudence et le calme. Mais de tels incidents prouvent que le temps presse ; si l’on veut éviter les pires complications en Asie, en Europe et en Afrique, il est urgent d’aboutir : en Orient, comme en Occident, justice et paix !
RENE PINON.
Le Directeur-Gérant :
RENE DOUMIC.