par l’oasis du Touat qui était dans sa dépendance économique. A mi-route de ces points, se trouvait Sidjilmassa dans le Tafilelt au Sud de l’Atlas. C’est par là, par un marchand génois, qui y était établi vers l’an 1300, que l’Europe eut les premières notions précises sur la traversée du Sahara. Elles sont consignées dans une longue légende du planisphère de Giovanni di Carignano, recteur de la paroisse San Marco de Gênes en 1311-1314, où sont figurés au fond du désert la ville d’'Eulezen (Oualata) encore existante, un fleuve et, dans ce fleuve, File des Paillettes d’or, Palolus : « Ces gens-là, dit la légende, en parlant des caravaniers, vont la bouche couverte en tous temps. Indépendants, ils ne payent aux Sarrazins aucun péage... Ils reçoivent des marchandises à Sidjilmassa pour les transporter à dos de chameau à Oualata et en Guinée. Ils mettent quarante jours à gagner à travers le désert Oualata. Ils transportent eau et vivres, ne trouvant d’une ville à l’autre ni habitation, ni eau. Parfois, ils sont ensevelis dans la poussière des sables quand ils sont surpris par un vent furieux. Parfois, la chaleur est si forte, lorsque le soleil est au zénith, qu’ils urinent du sang. »
Benedetto Dei avait eu un devancier en plein Sahara. La maison florentine des Portinari profitait d’un heureux coup de sonde de la banque de Saint-Georges, d’une relation envoyée d’une oasis saharienne à Gênes et copiée à Florence.
L’Allemand Gerhard Rohlfs, en 1864, prétendait avoir visité avant tous autres Européens l’oasis du Touat. Or, un manuscrit du milieu du XVe siècle, depuis peu découvert, contenait la copie d’une lettre expédiée du Touat en 1447. Cette missive était arrivée à Gênes l’année où l’argentier de Charles VII, Jacques Cœur, se présentait devant la ville ligure pour en prendre possession. Au dernier moment, la faction génoise qui avait réclamé notre protectorat nous accueillit par une dérobade. Sans quoi l’exploration du Touat se fût faite au compte de la France.
Antonius Mblfbnt, tel était le transparent cryptogramme dont était signée la lettre envoyée du Touat à Gênes à l’adresse de Giovanni Mariono. Et le copiste avait pris soin de restituer le nom dans la rubrique qui servait de titre à la missive : Copia