« ère juive, » dont on parle encore dans le Touat, allait se clore par un drame...
A cette date se posait déjà un problème qui avait été un des chefs d’accusation de l’argentier Jacques Cœur : l’exode de la monnaie étant interdit, comment acheter à l’étranger ? La solution fut trouvée au siècle suivant par une maison marseillaise dont le nom a été conservé à une place de la ville ; et c’est l’origine de notre établissement en Algérie. A l’imitation du provençal Forbin qui exploitait depuis 1414 le corail des côtes portugaises, les Lenche installèrent en 1560 sur la côte algérienne, près de Bône, une pêcherie semblable sous la protection du Bastion de France, le corail étant un objet de troc fort achalandé dans tout le Levant.
Dans les oasis sahariennes comme aux bords du Niger, la monnaie courante était le sel et le cuivre, le cuivre en barres longues d’un empan. Les barres minces s’échangeaient contre la viande et le bois à brûler, les barres épaisses contre les esclaves et le beurre,
Antoine Malfant avait pénétré en Afrique par une petite ville aux élégantes maisons et aux patios fleuris, où les galères de Gênes et de Venise débarquaient tous les ans leurs cargaisons de cuivre sous les deux tours du port. De cette petite ville forte de Honeïn, on ne voit plus, au fond d’une anse qu’abrite le cap One, que les dernières assises de sa kasbah et de son minaret, depuis qu’en 1534 Charles-Quint prononça son arrêt de mort, après l’avoir conquise. C’était le port de Tlemcen. Là, sur les bords de la Méditerranée, des jurisconsultes qui avaient vécu sur le Niger prenaient leur retraite ; et l’un d’eux, longtemps cadi chez les songhaïs de Gao, révélait en 1375 à l’historien Ibn Khaldoun de curieux détails sur la maladie du sommeil dont était mort, dans son palais du haut Niger, le roi mandingue Mensa Djata. L’ancien magistrat soudanais était natif de Sidjilmassa, une des étapes forcées de Malfant avant d’arriver au Touat, mais dont sa lettre a omis de parler.
Sidjilmassa, au seuil du désert, est l’une de ces villes mortes que sillonnaient les caravanes et dont le chapelet de ruines va du port d’Honeïn jusqu’aux bords du Niger. Elevée en 758 dans