Paris, 15 mars 1859 (10 heures du matin).
(En chiffre).
Vous ne pouvez répondre à l’Angleterre ce que vous m’écrivez. Votre mémorandum n’est pas un ultimatum au bout duquel il y a un casus belli. L’Empereur pense que vous pourriez répondre presque avec les mêmes termes qu’à Vienne :
« Piémont n’attaquera pas. Toutes les mesures prises sont défensives, mais il demande jusqu’à quel point les menaces de l’Autriche pourront être poussées pour que les mesures de défense les plus légitimes ne soient pas considérées comme une agression. »
Décidez-vous, je vous prie, à avoir représentants sérieux à Paris où vos intérêts sont décidés. Ne perdez pas une heure. Je m’occupe des armes à vous envoyer.,
Turin, le 17 mars 1859.
Mon cher beau-fils,
Je te remercie de tes deux lettres. Dans la première, tu me donnes une grande preuve d’amitié : compte sur la mienne in æternum, comme je compterai toujours sur la tienne. Dans la seconde, tu me donnes de bonnes nouvelles de Clotilde et des espérances ; cela va bien et me fait un immense plaisir. Embrasse-la mille fois de ma part, remercie-la de sa lettre et dis-lui que je n’ai pas le temps de lui écrire, mais que Dieu la bénisse.
Je m’apprêtais à t’écrire lorsque je reçus ta seconde lettre, je vais te dire ma manière de penser. Tu as bien fait de te retirer du ministère ; cela doit avoir produit une secousse et une émotion à l’Empereur. — Par rapport à l’affaire Villamarina, tu te rappelleras que je t’ai dit que c’était une bête. Il m’est impossible de t’envoyer Azeglio, car il est indispensable où je l’ai envoyé, en Romagne et en Toscane, où il a des ordres très détaillés, et peut rendre d’immenses services, soit à présent, soit au moment décisif. Je te propose ceci : nommer Nigra ministre résident, et envoyer promener Villamarina qui, à