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Sans forces matérielles, avec peu de forces morales, Buoncompagni s’est livré au parti dominant à Florence. Il s’en est suivi les résultats que Votre Altesse décrit de main de maître. Pour sortir de cet état fâcheux, un seul moyen pouvait être employé. Votre Altesse, avec le tact pratique qui la distingue, a voulu l’employer ; nous étions prêts à la seconder de toutes nos forces. Malheureusement, la diplomatie et une Volonté Suprême ont paralysé nos efforts et condamné à subir un statu quo désolant.

Maintenant, je crois qu’il ne faut plus se préoccuper de la question politique en Toscane, et songer uniquement à faire participer le pays à la guerre, dans les limites du possible. Aussi, je supplie Votre Altesse de vouloir bien encadrer le plus tôt possible les troupes toscanes avec les troupes françaises, et de les envoyer là où l’on se bat. Je suis persuadé que Votre Altesse saura faire battre les Toscans. Une fois sortis de l’atmosphère énervante qu’on respire sur les bords de l’Arno, excités par l’exemple de vos troupes, ils se montreront de bons soldats. Les volontaires Toscans que nous avons dans l’armée se conduisent fort bien. Il y en avait un grand nombre dans les chevau-légers de Novare qui ont pris une part brillante à la bataille de Montebello.

Buoncompagni s’effraie déjà de l’idée de rester sans soldats ; il réclame l’envoi de soldats du Piémont. Je lui réponds que l’armée toscane ne venant pas remplir les vides que le canon a faits dans les rangs de notre armée, nous ne pouvons pas l’amoindrir encore, pour envoyer des soldats se promener sur les quais de Florence. Il me parait que Votre Altesse, si elle emmène tous les soldats toscans, pourrait bien laisser en Toscane quelques compagnies qui, par le prestige qu’exerce l’uniforme français, seraient plus que suffisantes pour maintenir l’ordre, qui ne court, à mon avis, aucun danger sérieux d’être troublé. La réaction et la révolution ne seraient à craindre que dans le cas d’un revers des armées alliées. Or, du train où vont les choses, cette éventualité devient chaque jour moins probable.

Pendant que l’on patauge en Toscane, nos armées font de bien belles choses en Lombardie. La grande manœuvre par laquelle l’armée autrichienne a été tournée d’abord, et battue ensuite à Magenta, rappelle les plus glorieux événements du premier Empire, et fait le plus grand honneur à l’Empereur..