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dépêches en font les plus grands éloges ; il assure qu’il a suivi parfaitement la question toscane, et se conduit conformément aux intentions de l’Empereur et de son gouvernement. En présence d’assurances aussi positives, qui me sont données d’une manière officielle, puis-je rappeler Buoncompagni ? Cet acte ne sera-t-il pas blâmé ouvertement à Paris ? Ne se pourrait-il pas que le Moniteur, en faisant son oraison funèbre, ne rendît impossible à son successeur de gouverner ?

Si le quartier général de Votre Altesse n’était pas plus éloigné du grand quartier général que le Palais-Royal ne l’est des Tuileries, je recourrais à elle pour obtenir la solution de ces épineuses questions. Mais, privé de l’appui que Votre Altesse me donnait autrefois, je suis, la plupart du temps, dans l’embarras le plus pénible. Je ne puis aller au camp à tous les instants, et d’ailleurs je doute que des courses fréquentes fussent utiles à notre cause. J’ai pris le parti d’expédier Nigra à l’Empereur pour le supplier de me faire connaître ses intentions sur la Toscane. Si l’opinion de Sa Majesté n’est pas conforme à celle de Walewski, Votre Altesse peut compter que Buoncompagni sera immédiatement rappelé.

Si l’appui de Votre Altesse nous serait d’un grand secours pour la Toscane, il nous serait d’une bien plus grande utilité encore pour les affaires de la Romagne. Je ne sais en vérité ce qu’il faut faire.

Toute la Romagne s’est prononcée, demandant à grands cris la dictature et la protection du roi Victor-Emmanuel. Du camp, on me mande : refuser la dictature, refuser la protection, mais accepter le concours à la guerre. Cela veut dire : n’envoyer à Bologne ni troupes, ni Azeglio. Or tout était prêt pour l’envoi dans cette ville et d’Azeglio, et d’un tout petit noyau de soldats. Lorsqu’on Romagne on saura qu’on n’envoie personne à Bologne, qu’arrivera-t-il ? Probablement des désordres et une réaction violente contre les prêtres.

— La députation romagnole composée de Pepoli, Rasponi et d’autres personnes notables du pays, est partie pour le camp. Elle espère obtenir une autre solution. Mais, si elle ne réussit pas, que faire ? Je regrette bien que le chemin de fer de l’Italie centrale ne soit pas en activité jusqu’à Parme, car je n’hésiterais pas un instant à aller conférer avec Votre Altesse sur cette question qui peut avoir des conséquences incalculables.