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retard semble lui faire douter que l’on veuille poursuivre l’entreprise, et cela d’autant plus d’après les termes d’une lettre confidentielle écrite par le comte Walewski aux consuls de France à Bucarest et à Jassy.

Le comte Walewski dément formellement toute participation du Gouvernement français dans l’affaire de Klapka, et déclare que les allégations du général et celles du consul sarde à Belgrade, sont radicalement fausses. Cette lettre a jeté le plus grand trouble dans l’esprit du Prince et de ses amis


ANNEXE
Le Général Klapka au Comte de Cavour.


Gênes, le 18 juin 1859.

Excellence,

Un de mes agents vient d’arriver des pays du Danube, il a passé successivement par Belgrade, Jassy et Constantinople.

Les dispositions du prince Milosk nous sont toujours favorables, mais, pour arriver à nos fins au moment venu, il faudrait que le consul français reçût l’instruction d’appuyer M. Astengo.

Dans les Principautés unies, les affaires commencent à s’embrouiller. Le prince Couza a évidemment perdu du terrain et, pour pouvoir lutter avec succès contre ses adversaires, il a besoin de la protection énergique des Cabinets qui ont pris, jusqu’ici, sa cause entre leurs mains. Malheureusement, le comte Walewski fait justement tout le contraire, tandis que l’Autriche et l’Angleterre lui font des avances qui l’embarrassent et qui tendent à compromettre sa position. Leurs bons procédés cachent évidemment un piège.

En ce qui me concerne, je dois dire à Votre Excellence que le comte Walewski a donné à mes démarches dans les Principautés un désaveu qui n’était pas fait pour encourager le Prince à nous aider. Malgré cela, nous pouvons toujours compter sur lui. Ses sentiments n’ont pas varié.

M. Balatchano, son ministre de la Police, un de ses plus dévoués partisans, homme intègre et énergique, vient d’arriver avec les pleins pouvoirs pour soumettre certaines questions aux