Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/887

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

partialité apporterait dans ce tribunal la commission syndicale.

Notons enfin que ce projet a été regardé comme trop modéré par le Syndicat des métaux de Paris. Il approuve l’institution des Conseils d’usine comme une conquête révolutionnaire de premier ordre, mais voudrait que les commissions syndicales eussent aussi à contrôler l’achat des matières premières, la fabrication et la vente des produits manufacturés. Elles prendraient ainsi conscience du rôle qu’elles auraient à jouer en période révolutionnaire, au lendemain d’une transformation sociale qui ne saurait se faire attendre...


L’ÉCHEC DES CONSEILS EN ITALIE

Les faits qui se sont passés en Italie montrent bien aussi que les ouvriers n’entendent pas limiter les pouvoirs des Conseils à surveiller simplement l’application des lois. On sait comment, après les troubles qui aboutirent en septembre 1920 à l’occupation des usines, le gouvernement de M. Giolitti imposa aux patrons l’institution du contrôle syndical dans l’industrie. Un décret du 19 septembre créa une commission paritaire chargée de rédiger un projet de loi à ce sujet. Les manières de voir des deux partis s’affrontèrent dès le début. Les représentants ouvriers demandaient que le contrôle fût nettement syndical ; ils voulaient aussi le droit de regard sur la gestion commerciale et financière de l’industrie.

Les industriels déclaraient s’y opposer, acceptant seulement pour chaque catégorie d’industrie l’institution d’une commission nationale de contrôle, dans laquelle les employeurs et les salariés seraient également représentés, les délégués étant nommés par leurs organisations respectives sur une base professionnelle. L’Etat y aurait aussi un délégué comme représentant de la collectivité. Ces commissions posséderaient des attributions étendues. Elles iraient jusqu’à étudier les questions économiques et financières intéressant l’industrie : douanes, transports, marchés intérieurs et extérieurs, prix de vente, crédits, impôts. Enfin, il serait institué un Conseil général de l’industrie, afin de coordonner l’action des diverses commissions nationales de contrôle.-

Mais le projet de la G. G. T. italienne va beaucoup plus loin, puisqu’il prévoit pour les représentants des salariés le droit d’assister