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industrie : un Conseil industriel national, des Conseils régionaux, des comités d’usine. Les modalités d’application sont différentes suivant le degré de perfection atteint par les organisations patronales et ouvrières de chaque industrie.

Disons tout de suite qu’en Angleterre « l’homme qui est à l’établi » ne s’intéresse que fort pou aux Conseils de district. Quant aux Conseils nationaux industriels, « ils sont aussi loin de son ambition que la Chambre des Lords. » Ce qu’il veut, ce sont des comités d’atelier, où il a le sentiment d’être représenté par ses camarades et où l’on s’occupe continuellement de ses intérêts et de ses difficultés.

Mais justement le mouvement lancé par les rapports Whitley ne donna pour ainsi dire aucune impulsion nouvelle à la création de ces comités d’usine. La plupart des industries britanniques possédaient déjà des organes réguliers pour assurer les relations entre employeurs et salariés. Les plus importantes, celles des mines, des chemins de fer, des constructions mécaniques et des métaux, ont refusé de tenir compte des directions qui leur étaient indiquées. Celles qui les ont acceptées n’ont voulu voir dans ce système qu’un rouage inoffensif, mais incapable d’aucun résultat utile. Une seule catégorie de travailleurs en a réclamé l’adoption : les employés de l’État. Le Trade-unionisme officiel l’a admis sans enthousiasme, à la condition qu’il demeurât purement facultatif. Le Trade-unionisme non officiel, représenté par le groupement des délégués d’atelier, l’a dénoncé comme une tentative pour faire dérailler le mouvement toujours accéléré des travailleurs conscients tendant au contrôle de l’industrie.

En somme, en Angleterre comme partout, l’aile gauche du socialisme est hostile à toutes les organisations paritaires qui n’ont pas d’autre objet que la conciliation. On nie d’ailleurs qu’elles puissent jouer un rôle utile, tant est forte l’opposition des intérêts entre employeurs et employés. Ce rôle serait-il réellement efficace qu’elles auraient l’inconvénient de lier les mains des ouvriers, et de les empêcher d’obtenir des résultats plus importants. Les travailleurs doivent être convaincus qu’ils n’ont rien à espérer d’une entente avec les capitalistes, mais qu’ils doivent poursuivre énergiquement une politique visant à empiéter de plus en plus sur le contrôle de l’industrie, que jusqu’ici le capital a prétendu accaparer à son profit. Telle est la théorie que formule M. G.-D.-H. Cole, le créateur du socialisme