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En 1922, les crédits à ouvrir aux chemins de fer nationalisés pour les neuf mois de janvier à septembre, étaient estimés à 323 millions de roubles-or d’avant-guerre et les prévisions des recettes étaient évaluées à 206,3 millions de roubles-or d’avant-guerre. Le déficit ressortait, par conséquent, à 117,2 millions de roubles. Etant donné que l’Etat n’était pas à même de couvrir le déficit, sensiblement supérieur à celui inscrit dans les prévisions budgétaires, l’administration des chemins de fer était forcée d’arrêter les dépenses les plus urgentes, ne faisait pas de réparations, ne changeait pas les traverses et ne payait que partiellement la main-d’œuvre et les fournitures en combustible et en matériaux. Conclusion : les transports ferroviaires ne peuvent être que déficitaires et doivent nécessairement rester à la charge du budget. (Vie économique du 20 octobre 1922.)

La situation est encore pire en ce qui concerne le commerce extérieur. D’après les données du commissariat pour le commerce extérieur, l’exportation de la Russie pendant les neuf premiers mois de 1922 a été (calculée d’après les prix de 1913) de 48 millions de roubles et l’importation de 225 millions de roubles (non compris l’importation faite par les organisations de secours aux affamés). Par conséquent, l’excédent des importations sur les exportations a été de 177 millions de roubles et le déficit delà balance commerciale atteint 80 p. 100 du total de l’importation. Ce déficit a dû être couvert par l’Etat par des exportations d’or.

On le voit : la conservation entre les mains du Gouvernement de ces trois « hauteurs qui commandent les positions, » — la grande industrie, les transports, le commerce extérieur, — exige de l’Etat des sacrifices énormes. Avant le coup d’État bolchévique, ces branches de l’activité économique formaient des sources permanentes de revenu national et de recettes pour l’Etat. Sous le régime communiste, ces mêmes branches d’activité sont devenues des sources permanentes de déficits considérables et la nouvelle politique économique n’a amené dans cette situation aucun changement.

Le Gouvernement des Soviets est ainsi conduit à rechercher les moyens financiers qui lui permettront non seulement de couvrir les dépenses publiques, mais aussi de combler les déficits de l’industrie, des transports et du commerce nationalisés.

Quelles sont les ressources normales dont peut disposer le Pouvoir bolchévique pour satisfaire à cet ensemble de besoins