Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 14.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UNE ENQUÊTE[1]
AUX
PAYS DU LEVANT

III[2]


V. — UNE SOIRÉE AVEC LES BACCHANTES, AUX SOURCES DE L’ADONIS


Sunt in nobis semina scientiæ… Il y a en nous des germes de science, comme des germes de feu dans le caillou. Les philosophes les en tirent par le raisonnement, les poètes les font étinceler par l’imagination.
Descartes.


Adonis… Cédant à l’obsession de ces mystiques syllabes, je continue de penser au fleuve sacré, et je n’aurai de cesse que je n’aie remonté ses méandres sauvages, jusqu’au temple ruiné d’Afaka. C’est là-haut, dans ce sillon profond de la montagne, le point vibrant, la source de vie et le secret du Liban.

Ce matin, je suis parti de Beyrouth en automobile et arrivé rapidement, par la route en corniche, le long de la mer, jusqu’au petit village montagneux de Ghazir. Je ne pouvais pas traverser ce fameux site renanien, sans m’enquérir de la maison où le jeune savant habita et où il écrivit son petit roman de la Vie de Jésus (d’un effet si terrible dans son premier scandale, et qui nous semble aujourd’hui, sous ses parures fanées, oserais-je le dire, d’une substance un peu médiocre).

  1. Copyright by Maurice Barrès, 1923.
  2. Voyez la Revue des 15 février et 1er mars.