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La polémique perfide engagée entre Antonelli et Gramont prouve que la Cour de Rome cherche tous les moyens de le compromettre, et avec les ultramontains, et avec les Italiens. J’ose, par conséquent, me flatter que l’Empereur se montrera bientôt disposé à ce que les relations de nos deux pays revivent, et que la sympathie que nous éprouvons pour la France, et notre reconnaissance pour l’Empereur, exigent qu’elles soient.

Je serai bien reconnaissant à Votre Altesse si elle veut bien me faire connaître son opinion sur la marche à suivre pour arriver au résultat que je viens de lui indiquer.

Je prends la liberté d’envoyer à Votre Altesse quelques pièces originales saisies à Isermia et qui constatent la participation des autorités bourboniennes aux atrocités qui ont été commises par le parti réactionnaire.

Je prie Votre Altesse de vouloir bien agréer l’hommage de mon respectueux dévouement.


Naples, 14 novembre 1860,

Mon cher beau-fils,

Je te remercie de ce que tu m’as fait dire par Cavour, en différentes circonstances dans ces derniers temps pour moi assez orageux. Grâce au ciel, je me suis tiré d’affaire assez bien. La valeur de mes troupes, le jugement des peuples de l’Italie méridionale, et notre étoile, m’ont conduit ici à Naples, où tout prend une bonne voie. Je viens d’écrire à l’Empereur, il a été bien bon pour moi dans différentes circonstances. Surtout dans la question de l’amiral, c’est Vimercati qui est chargé par moi d’apporter ces lettres, et si tu veux être instruit de tout ce qui s’est passé, et se passe ici, parle au long avec lui ; il est chargé de t’instruire de tout, par rapport aux partis qui existaient ici, les détails sur Garibaldi et son armée, l’état actuel intérieur du pays et sur l’affaire de Gaëte. — Pour cette dernière partie, j’ai besoin de ton appui auprès de l’Empereur, à qui j’ai aussi écrit sur cette matière. J’ai cerné la place de bien près, et je vais la bombarder par terre au plus tôt, mais la chose serait déjà finie, si la flotte française ne m’avait pas empêché d’agir par mer. Cet état de choses durera peut-être peu de temps, peut-être il sera de longue durée. S’il fût de longue durée, tu comprends mieux que moi combien cela pourrait nous nuire en politique et à l’intérieur, de manière qu’il me semble que l’Empereur pourrait