Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 14.djvu/438

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

situation leur permettait de rendre, leur assurait un ascendant dont ils usèrent largement pour dépopulariser le Gouvernement.

Le parti républicain exerçait principalement son action dans les villes, et cette action non moins funeste au pouvoir était, en outre, pernicieuse. S’il y eut, parmi les chefs de ce parti, des hommes auxquels on ne pouvait contester ni l’honneur, ni la sincérité des convictions, ni le talent, il est également avéré que la plupart étaient sans éducation et pouvaient aisément fréquenter des lieux où d’autres n’eussent pu se montrer alors sans déchoir.

Dans les estaminets et les cafés ils agissaient sur les oisifs et les mécontents. Ils agissaient aussi sur les ouvriers, dont ils excitaient les passions, non seulement contre le gouvernement établi, mais aussi contre l’ordre social qu’ils dépeignaient comme opposé à l’émancipation et au bonheur du peuple.

Et si l’on observe que parmi les partisans du Gouvernement de Juillet, déjà grandement divisés entre eux, beaucoup s’étaient naguère fort bien accommodés de la Restauration, s’étaient même attachés à ce régime, le regrettaient parfois et ne s’étaient ralliés à la nouvelle monarchie que par peur des révolutions ou crainte de la République, on comprendra que cette monarchie ne pouvait trouver dans une telle tiédeur de sentiments la force nécessaire pour résister aux attaques simultanées des légitimistes, qui tous considéraient plus ou moins Louis-Philippe comme un usurpateur, et des républicains qui ne lui pardonnaient pas d’être un roi.

Calmon-Maison.