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Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 14.djvu/461

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Telle est l’explication classique et élémentaire qui est le plus souvent donnée du phénomène des marées.

Elle est spécieuse pour ne pas dire fausse. Un calcul simple le montrera. En un lieu donné de la surface terrestre sur lequel la lune se lève puis se couche, la force perturbatrice exercée par l’attraction lunaire a des valeurs successives variables. Entre la plus grande et la plus petite, le calcul montre que la différence représente moins de la cinq-millionième partie de la valeur de la pesanteur à la surface terrestre. Supposons un poids d’un gramme à la surface du sol. Il suffirait de le soulever d’un demi-mètre environ, pour que, par l’effet de son éloignement accru par rapport au centre de la terre, il éprouvât une diminution de poids équivalente à celle que l’attraction lunaire produit sur lui dans les conditions les plus favorables.

Par où l’on voit que les forces mises en jeu dans les marées sont insignifiantes. On les trouverait encore bien plus faibles, si on refaisait ce calcul pour le soleil.

Comment donc ces forces minimes peuvent-elles engendrer les effets grandioses que nous manifestent les marées ?

Est-ce par le mécanisme simpliste relaté ci-dessus ? Il est facile de voir que non. Dans ce mécanisme l’intumescence tidale se produit au point qui a la lune à son zénith. C’est donc la perturbation apportée par la lune dans la direction verticale, c’est la composante verticale de cette perturbation, qui agirait efficacement. Admettons un océan d’une profondeur uniforme égale à 5 000 mètres (ce qui est plus que la profondeur moyenne de tous les océans terrestres) couvrant tout le globe supposé sphérique. Si on calcule quelle serait la forme d’équilibre d’un tel océan sous l’action de la seule composante verticale de l’attraction lunaire, on trouve que la surface serait un ellipsoïde de révolution dont le grand axe serait bien dirigé vers la lune, mais tellement peu allongé vers elle qu’il n’y aurait qu’une différence de neuf dixièmes de millimètre entre les longueurs de ce grand axe et du petit. C’est à cette dénivellation extrême que se réduirait la marée.

Il en résulte péremptoirement que celle-ci ne peut être causée, que pour une part infime, par la composante verticale de l’action lunaire.

L’agent essentiel des marées est la composante horizontale de cette action, qui est précisément nulle, là où la composante verticale est maxima, là où la lune est au zénith. Qu’est-ce à dire ? Voici. La moitié de la terre qui est éclairée par la lune est séparée de l’hémisphère