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REVUE MUSICALE

Théâtre de l’Opéra-Comique : Le Hulla, conte oriental en quatre actes ; poème de M. André Rivoire, musique de M. Marcel Samuel-Rousseau. — Musique d’Espagne et d’Italie. — Concerts de M. Édouard Risler.


On a dit autrefois de Sigurd que c’était quelque chose comme un Siegfried pour les petits gens, pour ceux qui ne payent pas plus de quinze cents francs de loyer. Mettons-en quatre ou cinq mille aujourd’hui. De ces mêmes personnes, honorables d’ailleurs autant que nombreuses, le Hulla pourrait bien être un peu le Marouf. Dans l’œuvre de M. Marcel Samuel-Rousseau, il est permis de préférer Tarass-Boulba. Il s’en faut pourtant que le Hulla n’ait rien d’aimable.

D’abord le livret, ou plutôt et véritablement ici le poème, est fort plaisant. L’esprit et le sentiment s’y mêlent et s’y fondent avec beaucoup de goût, de grâce et d’élégance, en des vers bien tournés et déjà par eux-mêmes harmonieux. On n’ignore plus depuis trois semaines environ, et les érudits le savaient sans doute auparavant, ce que c’est qu’un hulla. Voici. En pays musulman, sous la loi du Prophète, un mari qui a répudié sa femme peut, s’il vient à la regretter, la reprendre, mais à cette condition que la femme elle-même aura pris pour un jour, (nuit comprise), un nouveau mari, lequel devra, sa suppléance achevée, la répudier à son tour et la restituer au premier occupant. L’occupant numéro deux s’appelle un hulla. Un riche marchand d’Ispahan, Taher, a pris ou plutôt acheté pour femme la belle Dilara, native de Damas. L’ayant trouvée rebelle le soir des noces, il l’a renvoyée dès le lendemain matin. Avant le lendemain soir, il la pleure. Afin de la revoir, et de la ravoir, sur les conseils de son père, il se décide, non sans répugnance, à choisir un hulla. Son choix s’arrête au hasard sur un étranger, un mendiant, couché nonchalamment à la porte de la mosquée. Narsès, (c’est ainsi qu’il se nomme), est un beau