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Chronique 31 mars 1923

CHRONIQUE DE LA QUINZAINE

La prédication nationaliste, les accusations mensongères du Gouvernement de Berlin portent leurs fruits détestables. Le 10 mars au matin, à Buer, près de Recklinghausen, on trouvait étendus dans une rue, les corps percés de balles du lieutenant de chasseurs à pied Colpin et du chef de gare Joly ; les deux assassins, arrêtés par la police française, tentèrent de s’enfuir et furent tués par nos gendarmes. Presque à la même heure, dans la même localité, un poste français était attaqué ; nos soldats débordés firent feu et cinq Allemands restèrent sur le carreau. Buer était, et est redevenue depuis, une localité particulièrement tranquille où la population vivait en bonne intelligence avec les soldats d’occupation : des agents provocateurs étaient passés par là, Les Allemands ne manquèrent pas de répandre le bruit que le crime était l’œuvre de deux soldats français ivres ; il se trouva des journalistes pour raconter qu’on les avait vus, entendus ; l’enquête montra que les balles et les douilles provenaient de revolvers allemands et que les soldats ivres n’avaient existé que dans l’imagination de quelques Allemands ; mais l’invention, sur les ailes de l’agence Wolff, avait déjà fait le tour du monde. À Essen, dans la nuit du 17 au 18, de lâches assassins, tirant par un soupirail de cave sur le soldat français Schmidt, occupé à entretenir le chauffage central de la gare, le tuèrent ; on n’a pas encore réussi à les retrouver. Dans la soirée du 17 mars, à Cologne, M. Joseph Smeets, créateur du parti républicain séparatiste rhénan, et son beau-frère, étaient assassinés, par un inconnu élégamment vêtu et parlant un allemand très correct ; le second tombait mort, le premier est très grièvement blessé. Le 18, le président Ebert venait à Hamm, en Westphalie, non loin de la Ruhr ; il y recevait les chefs de cette résistance que le Gouvernement allemand continue à appeler « passive ; » il y prononçait un discours agressif où il affirmait que la France veut