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devraient être démilitarisées et neutralisées sous la garantie de la Société des Nations ; et que ce soit le souci dominant du Gouvernement de Berlin, c’est ce que décèlent les injures que sa presse adresse à cette Société des Nations « pourrie, » dans laquelle il ne veut pas se plier à entrer par la porte de l’honnêteté.

L’assassinat de MM. Smeets et Kaiser à Cologne a été ressenti comme une injure par les Anglais, responsables de l’ordre et de la sécurité dans la zone occupée par leurs troupes ; ils ont aussitôt mis en campagne leur police. Il faut espérer que l’enquête générale, menée sous l’impulsion de la Haute-Commission, aboutira à l’arrestation du coupable ; elle a déjà conduit à des découvertes intéressantes sur les complicités. Les autorités et la police allemande de Cologne, les fonctionnaires du service des téléphones, qui ont fait couper les fils la veille du crime, sont des complices. L’enquête montre que l’Allemagne est en proie aux sociétés secrètes et que, en Rhénanie même, l’autorité des Puissances occupantes est menacée, non pas certes par les gens du pays, mais par toute la séquelle des fonctionnaires du Reich, et par les associations militaires et politiques déguisées en sociétés sportives. Déjà de nombreuses arrestations ont été opérées ; de nouvelles expulsions vont compléter les mesures déjà prises depuis deux mois pour épargner aux populations paisibles les menées provocatrices des agents de Berlin. Arrestations et expulsions de Prussiens, mesures économiques qui séparent la Ruhr et la Rhénanie du reste de l’Allemagne, création préparée d’une monnaie rhénane, c’est tout cet ensemble de mesures qui font appréhender au Gouvernement du Reich une plus complète séparation ; il ne faut pas chercher d’autre explication à la détente qui, sur un mot d’ordre donné de Munster, d’où il dirige le sabotage des services publics, par M. Fuchs, ancien président de la province du Rhin expulsé par les Alliés, s’est manifesté depuis quelques jours dans la Ruhr et dans toute la zone occupée. M. Cuno s’alarme des conséquences de sa politique ; l’Allemagne ne cède pas, mais elle est inquiète et elle ruse : preuve que nous sommes dans la bonne voie.

Entre le crime de Cologne et l’étrange complot monarchiste et nationaliste que le ministère prussien vient de découvrir et de réprimer, la corrélation est évidente. L’assassin de M. Smeets appartiendrait, d’après des renseignements vraisemblables, à l’une de ces associations d’auto protection dont le centre est en Bavière et dont le général Ludendorff est l’âme. Le Gouvernement, en présence de tels excès, prend peur et jette du lest. Il vient de faire arrêter le lieutenant