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artificielle et officielle qu’on ne l’imagine soient. Elle cédera. Si M. Cuno s’est trop enferré pour pouvoir reculer, il passera la main.

L’Allemagne ne saurait compter, pour prolonger sa résistance, sur l’appui du Gouvernement britannique, malgré la campagne que mène M. Lloyd George et quelques organes du libéralisme radical ; de plus en plus, la masse de l’opinion britannique comprend la situation et le service que la France lui rend ; personne ne croit, sauf le Sunday Express, que « la dignité britannique est traînée dans la fange, » et la propagande anti-française de l’ancien Premier ministre reproduite par la Deutsche allgemeine Zeitung fait en Angleterre une impression de gêne qui confine à la honte. Fréquemment interrogé, le Gouvernement n’a pas manqué de faire des déclarations satisfaisantes ; il s’abstiendra de toute intervention et de toute mesure pouvant gêner l’action de la France et de la Belgique ; M. Mac-Neil, sous-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, en a renouvelé le 14 mars l’affirmation en réponse aux critiques véhémentes de sir John Simon qui prête à la France des projets de domination économique et de conquête territoriale, de M. Asquith qui voudrait provoquer l’intervention de la Société des Nations, et du travailliste J.-H. Thomas, qui s’inquiète de voir la France soutenir la Pologne. Le 16, une note officieuse Reuter coupait court à de nouveaux bruits de médiation anglaise et affirmait que « c’est à l’Allemagne qu’il appartient de présenter un plan qui puisse donner satisfaction à la France et à la Belgique ; ce plan devra être adressé directement aux Gouvernements français et belge. » Notons enfin la déclaration du chancelier de l’Echiquier, M. Stanley Baldwin, qui, au banquet de la Primrose League, a déclaré que la question de sécurité primait pour la France les réparations. En Angleterre, aux États-Unis, l’opinion publique, dans sa grande masse, nous reste fidèle ou revient à nous : et c’est, pour l’avenir, une puissante raison d’espérer que nous connaîtrons enfin la paix dans la justice.

La consolidation de l’Europe centrale et orientale fait d’intéressants progrès. Le 14 mars, la Conférence des Ambassadeurs, conformément à l’article 87 du traité de Versailles, a pris une décision « qui tient compte de la situation de fait existante » et fixe les frontières orientales de la Pologne en adoptant, sans s’y référer expressément, la ligne tracée par le traité de Riga (18 mars 1921) entre la Pologne et la Russie, et par la « recommandation » du Conseil de la Société des nations qui divise la zone neutre entre la Pologne et la Lithuanie. Cette décision très importante a été accueillie en Pologne avec une