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Guaqui. Le ministre de France, M. Tinayre, est venu à notre rencontre avec trois officiers de réserve qui ont revêtu leurs uniformes de la guerre, qui contrastent avec l’allure allemande des uniformes boliviens.

Escortés d’un escadron, nous nous rendons au Cercle des officiers, très confortable, puis au quartier de cavalerie vaste, très aéré, bien construit par les hommes du régiment qui l’habitent. Le général Baldivieso l’a commandé pendant cinq ans comme colonel et a procédé à cette installation simple et bien comprise, dont le pays a fourni à peu près tous les matériaux. Il me dit qu’il en est de même dans toute la Bolivie pour tous les postes détachés, et je remarque que nous procédons ainsi dans nos colonies, où, sauf dans les villes, nos fantassins ont élevé en Afrique et en Asie des constructions innombrables, généralement confortables et parfois même élégantes. Le général Baldivieso a formé et instruit ce régiment, qui continue à manœuvrer fort bien. Je m’informe de la remonte, qui est belle ; ce sont des chevaux argentins, dont l’acclimatement aux hautes altitudes ne dure pas moins de six mois ; au début, ils s’essoufflent et ne peuvent fournir aucun effort. Le fait est à retenir : au début d’une campagne dans l’Altiplaine de la Bolivie et du Haut-Pérou, les troupes d’invasion, si elles n’avaient pu être soigneusement entraînées, seraient en notable infériorité devant les défenseurs. Mais le dressage des chevaux est maintenant excellent et nous voyons des pelotons sauter des obstacles assez durs et franchir une forte banquette irlandaise.

Nous déjeunons au mess des officiers, où la réception est des plus cordiales, et nous montons dans notre train spécial vers une heure trente. A ce moment, le ciel s’est découvert ; son azur clair est d’une limpidité cristalline et nous voyons de la Cordillère orientale la partie la plus élevée et la plus belle, magnifique muraille de neige qui porte sa crête à 6 000 mètres d’altitude, sur une longueur de 200 kilomètres. Les pics les plus septentrionaux, ceux de l’Illampu, dépassent 6 700 mètres ; le plus méridional, l’IIlimani, 6 400 mètres, domine La Paz, et nous nous dirigeons vers lui.

Mais après moins d’une lieue, nous nous arrêtons à la station de Tihuanaco, où nous allons visiter des ruines imposantes et mystérieuses, les plus anciennes de l’Amérique et peut-être du monde. Le savant M. Arthur Poznansky, conservateur du