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l’Irlande a beaucoup cédé sur les principes, la Grande-Bretagne en a fait autant dans les faits. L’Irlande reçoit le nom d’Etat Libre : c’est le nom officiel, Saorstat en gaélique, qu’elle s’est donné à elle-même depuis trois ans. Elle reçoit dans l’Empire, ou, comme on dit maintenant, tant le mot d’Empire sonne mal à l’heure qu’il est, dans la « Communauté de nations autrefois connue sous le nom d’Empire britannique, » le statut de Dominion, avec référence spéciale au statut du Canada, qui passe pour le plus libéral ; les lois, pratiques et usages qui règlent actuellement les relations de la Couronne et du Parlement avec le Canada régleront à l’avenir leurs rapports avec l’Irlande. Le représentant de la Couronne en Irlande sera désigné comme l’est le gouverneur général du Canada. Les membres du Parlement irlandais prêteront un serment de fidélité [1]. L’Irlande assumera telle part de la dette publique du Royaume-Uni qui sera par arbitrage jugée équitable, sous déduction de toute juste revendication de l’Irlande en contre-partie. L’Irlande réserve à l’Amirauté britannique certains privilèges dans ses bases navales ; elle admettra les bateaux de commerce anglais à la libre pratique dans ses ports. Elle s’engage à ne pas entretenir plus de troupes, à proportion de la population respective des deux pays, que ne fait de son côté la Grande-Bretagne. Quant aux six comtés du Nord-Est de l’Ulster, implicitement confondus dans le reste du pays selon les premiers articles du traité, il leur sera permis de déclarer, par une adresse du Parlement de Belfast à remettre au Roi dans le mois qui suivra la mise en application définitive du traité, qu’ils veulent rester en dehors de l’Etat Libre et s’en tenir à la constitution qui leur a été donnée en 1920, sous cette réserve qu’il sera en ce cas procédé, compte tenu du sentiment des populations, à une révision de la ligne frontière, laquelle est actuellement fixée, comme on sait, de manière à englober sous le Gouvernement de Belfast les deux comtés plus qu’à moitié nationalistes de Tyrone et de Fermanagh. L’Ulster orangiste garde donc en principe le droit de rester à l’avenir isolé de l’Irlande nationale :

  1. « Je jure fidélité et allégeance à la Constitution de l’État Libre d’Irlande tel qu’il est établi par la loi ; je jure que je serai fidèle à Sa Majesté George V, à ses héritiers et successeurs, en vertu de la concitoyenneté de l’Irlande avec la Grande-Bretagne et de son adhérence et participation au groupe de Nations formant la Communauté des Nations britannique». »