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nous sommes encore trop près. Si nous devions rentrer au milieu des chances d’une mobilité pareille, il vaudrait beaucoup mieux rester dans l’exil.

La première intention de M. de Chateaubriand était de passer par Vienne, mais, la Duchesse de Berry devant quitter la France vers le 10 juin, il voulait la joindre à Blaye avant son départ, ne se souciant guère d’aller à Palerme où doit se rendre la princesse en premier lieu. En conséquence, il renonça à son voyage à Vienne et quitta Carlsbad une heure avant l’arrivée du Duc de Bordeaux.

Avant que la famille royale fût prévenue de la venue à Prague de M. de Chateaubriand, le duc de Guiche en avait reçu avis. L’influence que la duchesse de Guiche a prise sur le Comte Choteck, grand burgrave de Bohême, amena ce seigneur à donner un grand diner en l’honneur de l’illustre écrivain. Celui-ci fut morose pendant cette réunion ; il n’y connaissait personne et, plus que tout autre, il a besoin d’être excité

Charles X a quitté Prague dernièrement. Il s’est rendu dans les environs à Buchtirad, château du grand-duc de Toscane, faisant partie de l’apanage du duc de Reichstadt. Le château est convenable, mais le pays, dénué de végétation, est extrêmement triste. Le manque de logement a servi de prétexte, me dit-on, pour ne pas emmener les fils du duc de Guiche. On espérait ainsi que cette famille rentrerait en France et délivrerait le Roi d’une opposition de tous les instants. Il n’en a rien été. La duchesse de Guiche a loué une maison avec jardin à Prague, où elle veut attendre le retour de la famille royale au Hradschin. Elle annonce également son projet de venir passer quelque temps à Vienne. Mme de Bouillé, elle aussi, a loué un appartement à Prague pendant l’absence de son mari qui s’est rendu en France pour des affaires de famille. Mme la duchesse de Gontaut, qui, pendant les succès d’opinion de la Duchesse de Berry, faisait de l’opposition et des projets pour ses gendres, est très montée contre elle et proteste contre son retour. Mlle Vachon [1], cette excellente institutrice, si parfaite dans tous ses sentiments, a le cœur envahi d’un grand enthousiasme pour le professeur Barande qui ne semble point répondre à cette flamme.

Je ne puis dire combien les petites intrigues, les rivalités et

  1. Institutrice de Mademoiselle.