Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 14.djvu/844

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle arriverait contre sa volonté ? Nous devons éviter pareille chose, écrit le prince de Cassaro à M. de Caraffa, faites donc communication de ce que je vous adresse au prince de Metternich et au comte de Montbel. Au premier pour qu’il obtienne l’agrément de l’Empereur, au second pour qu’il fasse aboutir cette demande auprès du Roi, son maître.

Je rapportai fidèlement tout cela à Charles X, qui composa aussitôt une lettre pour le roi de Naples. Je tiens à en citer quelques fragments. Après avoir dit qu’il est prêt au pardon envers la Duchesse, le Roi, abordant la question du voyage à Prague, ajoutait :

«... Mais j’ai des devoirs à remplir auprès de mes petits-enfants. Ils ne connaissent encore que l’arrestation de leur mère, sa captivité, sa libération et son heureuse arrivée en Sicile. Je leur dois, je me dois à moi-même de ne pas leur laisser ignorer qu’elle a contracté de nouveaux liens, et pour leur en parler il m’est indispensable que l’acte qui constate son mariage soit entre mes mains. C’est un fait qui doit être public, puisque les conséquences en sont publiques. La morale le veut, l’honneur de notre famille l’exige. Je consens à oublier le passé, mais le présent ne peut rester dans un doute offensant pour la sœur de Votre Majesté, et trop douloureux pour moi et mes enfants. Je demande cet acte à la Duchesse de Berry, qu’elle me l’envoie... Dès que j’aurai cette pièce qui m’est indispensable, je ferai connaître la vérité à mes petits-enfants. Je pourrai leur parler de leur mère et agir ensuite de concert avec Votre Majesté et avec l’Empereur pour qu’elle puisse revoir ses enfants. »

Charles X annonçait ensuite au roi de Naples que cette lettre lui serait remise par moi et que j’en porterais une autre à la Duchesse de Berry.

Les choses en étaient là, quand, tout à coup, M. de Caraffa me fit prévenir par un exprès que des dépêches réclamant une prompte décision venaient d’arriver. Il me priait de me rendre sur-le-champ auprès de lui. Je partis immédiatement. C’était le 25. J’arrive à Prague, et Caraffa me raconte qu’un courrier lui a été expédié par le prince de Cassaro. Malgré toutes les exhortations de son frère, la Duchesse de Berry s’est rendue à Naples et là elle déclara qu’elle allait partir sur-le-champ pour Prague. Malgré les remontrances de Ferdinand II, malgré la douceur, malgré l’énergie, tout fut inutile. La Duchesse de Berry inébranlable