Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 14.djvu/849

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur votre désir de profiter de votre liberté pour venir nous voir à Prague ; mais, comme il parait d’après votre lettre que vous ne connaissez pas encore ce que M. de Chateaubriand était chargé de vous transmettre, il faut que je vous explique clairement tout ce que je pense et tout ce que je puis faire relativement à votre désir de venir momentanément nous voir.

« Je ne parlerai point ici ni de moi, ni de mon fils, ni de ma belle-fille, mais de ce qui concerne vos enfants. Depuis votre arrestation à Nantes, Henri et Louise ne savent rien de ce qui vous concerne que votre longue captivité à Blaye et votre arrivée à Palerme. A présent, il faut avant, qu’ils puissent vous revoir, qu’ils soient instruits des nouveaux liens que vous avez formés et de la naissance de l’enfant qui en est résulté, mais avant que je puisse leur parler de la situation où vous vous trouvez maintenant, il est indispensable que j’aie entre les mains l’acte de votre mariage avec le comte Lucchesi ou du moins une copie de cet acte authentique et légalisée.

« Hâtez-vous de m’envoyer cette pièce qui m’est absolument nécessaire et, lorsque je l’aurai reçue, je jugerai d’après votre intérêt véritable des demandes que je pourrai faire auprès du Roi de Naples et de l’Empereur d’Autriche pour assurer votre voyage jusqu’à Prague.

« Croyez, ma chère petite, à ma tendresse pour vous et à la peine profonde que m’ont causée tous vos malheurs.

« Je vous embrasse de tout mon cœur.

CHARLES.

« Je charge le comte de Montbel de vous porter cette lettre et d’entrer avec vous dans tous les détails que vous pouvez désirer. Je n’ai pas besoin de vous ajouter combien cet excellent homme est digne de votre confiance.

P.-S. — Du 1er septembre.

« Cette lettre ayant été retardée par la nouvelle de votre départ de Palerme, M. de la Ferronnays est arrivé ce matin et m’a remis celle que vous m’avez écrite de Naples du 14 août et, n’ayant rien à ajouter ni à changer à ce que je vous écrivais le 25 août, je m’empresse de faire partir le comte de Montbel et je vous demande avec la plus vive instance d’écouter avec une sérieuse attention tout ce qu’il vous dira en mon nom. Il y va de votre véritable intérêt et de celui de vos enfants.