ancienne enceinte, noyée aujourd’hui dans des quartiers devenus le centre d’une ville géante. Après la porte Saint-Antoine touchant à la Bastille, on voyait la porte du Temple, située au point où, aujourd’hui encore, la rue du Temple débouche sur le boulevard ; puis, les portes Saint-Martin et Saint-Denis, elles aussi à peu près à la même place qu’aujourd’hui. De là, la ligne des murs quittait l’alignement de nos modernes boulevards : la porte Montmartre s’élevait, dans la rue de ce nom, à peu près à hauteur des rues actuelles du Mail et de Cléry. La porte Saint-Honoré enfin, donnait issue à la rue du même nom. À l’extérieur, cette porte s’ouvrait sur un carrefour de chemins conduisant, l’un vers le hameau du Roule et le village de Chaillot, l’autre vers la ville d’Argenteuil, à deux grandes lieues de Paris, ville alors célèbre tant par son antique abbaye de Bénédictins que par ses vins qui, — s’il faut en croire une thèse alors soutenue devant la Faculté de médecine, — devaient être préférés à ceux de Bourgogne et de Champagne [1] !
En avant de la muraille, d’un bout à l’autre de son développement, se creusaient deux fossés, l’un au pied même du mur, très profond et rempli d’eau dans les parties rapprochées du fleuve, l’autre sec et dont la profondeur était calculée de telle sorte que les traits tirés du haut de la muraille pussent en battre le fond, empêchant ainsi qu’il ne servit d’abri à l’assaillant. Séparés par un terre-plein en « dos-d’âne, » les deux fossés formaient un ensemble assez large pour éloigner du mur l’approche de l’artillerie ennemie.
Avant reconnu tout ceci avec soin et choisi le point d’attaque, la Pucelle attendait avec impatience l’arrivée du Roi. Et le Roi ne paraissait point.
Charles était demeuré à Senlis. « Comme le Roi, — écrit un des compagnons de Jeanne, — ne venait pas à Saint-Denys, quelque message que la Pucelle et le duc d’Alençon lui eussent envoyé, le dit duc d’Alençon alla vers lui le 1er jour de septembre. Il lui fut dit que le Roi partirait le 2, et le duc revint
- ↑ Heurtaud et Magny, Dictionnaire historique de la ville de Paris. 5 vol. in-8, 1779 ; verbo : Argenteuil.