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LES DROITS DE DOUANE

Il semble permis d’espérer qu’en percevant les droits de licence et les droits de dérogation on augmentera d’une manière sensible les ressources fournies par les droits de douane ; ces recettes, à l’heure actuelle, se développent déjà avec régularité. L’administration franco-belge a eu, cependant, à lutter contre la résistance acharnée de l’administration allemande ; celle-ci s’est efforcée non seulement de nous susciter tous les obstacles qu’elle pouvait imaginer, mais encore de prendre la direction officielle d’une fraude, dont des exemples fréquents révèlent l’ampleur et l’ingéniosité. Ainsi l’on a découvert qu’à Dusseldorf même les fonctionnaires du Reich tentaient de percevoir, pour le compte de l’Allemagne, les impôts que les Alliés avaient décidé de saisir. Pour décourager ces tentatives, il a été nécessaire de multiplier les arrestations et les expulsions. Les agents supérieurs des douanes allemandes prêtaient de plus un appui direct à l’organisation de la contrebande, et toute l’intelligente activité de notre service de renseignements n’a pas été inutile pour déjouer leurs manœuvres frauduleuses. Un exemple assez typique a été fourni par la fraude sur les colis postaux. L’administration alliée refusait, à juste titre, d’en permettre la remise ou l’expédition, tant que les droits de douane n’auraient pas été acquittés. Les Allemands ont alors imaginé de créer un véritable service clandestin ; il a été constaté notamment qu’un train de douze wagons garés dans une usine de la banlieue de Dusseldorf servait de bureau de poste, à la place des bureaux dont l’autorité militaire avait ordonné l’occupation. Un fait de cette nature est significatif : il révèle avec quel souci des détails et avec quelle méthode le Gouvernement de Berlin a organisé une résistance, par laquelle il avait le secret espoir de lasser notre volonté. Les résultats obtenus par la douane alliée n’en sont que plus encourageants, et méritent particulièrement d’être signalés.

Il a fallu, d’abord, faire venir de l’intérieur de la France un assez grand nombre d’agents, qu’on s’est efforcé, autant que possible, de recruter parmi les Alsaciens et les Lorrains. Occuper les bureaux de perception allemands, instruire le nouveau personnel de la législation qu’il allait être chargé d’appliquer,