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Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 15.djvu/150

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de très bons sentiments, des délégués de différentes écoles de droit, M. Walsh, fils de Fauteur des Lettres vendéennes, chargé des pouvoirs de l’Echo français, et portant les signatures d’une association de quatre mille jeunes gens.

Il fut convenu que ces Messieurs, habitant Prague, viendraient à Buchtirad chez le Duc de Bordeaux le 27 au lieu du 29, qu’ils parleraient au jeune prince avec beaucoup de circonspection. On leur dit de communiquer leur discours à M. de Damas [1]. Quoiqu’avec un peu de répugnance, ils y consentirent. Le discours fut réduit. On en retrancha ce qui aurait pu être déplacé ou peu politique. A la fin de cette conférence, M. Dufougerais montra au baron de Damas autant d’abandon qu’au début il lui avait manifesté de défiance. Ils convinrent ensemble que la Duchesse de Berry avait perdu toute influence, que M. de Chateaubriand s’était usé lui-même à force de démolir.

Ce. ne fut pourtant pas M. Dufougerais qui porta la parole devant le Duc de Bordeaux. Cet honneur revint à M. Walsh, comme représentant plus de 4 000 signataires. Il prononça la harangue en employant, contre les conventions, les mots de « Sire » et de « Majesté. » M. de Chateaubriand n’assistait pas à la séance, mais, à ce que dirent les jeunes gens, il y poussait de tout son cœur. Voici, en substance, ce qui fut dit au jeune prince :

« Légitimistes français, nous, vos jeunes compatriotes, sommes venus vous apporter nos hommages au jour de votre majorité. Nos vœux se confondent pour vous et pour notre pays dont le bonheur et l’affranchissement ne peuvent être séparés de votre retour. Nous ne doutons pas que vous réaliserez votre noble ambition et que vous serez un jour Henri IV second pour la France. »

L’enfant, de fort bonne allure, écouta très attentivement, puis répondit avec assurance à peu près en ces termes : « Je m’efforce de me rendre digne du but que vous me signalez et de remplir autant qu’il sera en moi les devoirs que m’impose ma naissance. Je n’aurai de vraie satisfaction que lorsqu’il me aéra possible de m’associer à vos travaux pour l’honneur et l’affranchissement de la France. Je désire connaître vos noms

  1. Gouverneur du Duc de Bordeaux.