Le 13, M. Walsh et plusieurs autres ont traversé Leoben. Environ six cents soldats bavarois sont passés ici. Avec le Duc de Bordeaux nous sommes allés à leur rencontre : ils ont un uniforme semblable à celui des lanciers de la garde.
M. de Lucchesi me raconte que Mme la Duchesse de Berry s’est trouvée mal. Elle ira cependant voir le Roi à trois heures. Elle s’y rendit, en effet, et, après cet entretien, Charles X me fit appeler.
— J’ai annoncé à Madame, me dit-il, que je partais après-demain. Elle me témoigna aussitôt la volonté d’aller avec moi. Je lui répondis que c’était impossible pour le moment, que nous verrions plus tard. Elle en montra de l’humeur, mais à ses propos j’ai opposé une fermeté inébranlable. Puis, je ne pus m’empêcher de lui déclarer : « J’ai reçu les vôtres parfaitement, je me montre affectueux envers M. de Lucchesi et en revanche comment êtes-vous pour ceux qui ont ma confiance ? — Ce sont mes ennemis. — Vous vous trompez et si vous formulez ce reproche, ne serai-je pas en droit de le faire à ceux qui vous accompagnent ? »
Les paroles du Roi eurent sans doute une influence sur Madame, car, le soir, elle fut beaucoup mieux pour nous. D’ailleurs, M. de Lucchesi vint me dire de sa part qu’elle reconnaissait avoir tort dans son attitude à mon égard.
Le 15, on a célébré la fête de la Dauphine et, en son honneur, a eu lieu, dans un jardin de Leoben, une illumination que nous sommes allés voir.
Saint-Priest vient me trouver pour m’avertir que la Duchesse de Berry tient à me communiquer les requêtes qu’elle compte soumettre au Roi en lui demandant de les signer. Mon interlocuteur me parle ensuite de l’intention où est Madame de se rendre à Vienne. En toute sincérité, je lui réponds aussitôt :
— Son Altesse Royale ferait bien d’abandonner un tel projet, dites-le-lui pour qu’elle ne m’accuse pas de l’avoir trompée. L’Empereur n’y consentirait point par politique, l’Impératrice et les archi-duchesses parce que toute cette affaire ne leur a pas convenu.
Je crus de mon devoir de bien préciser cette question pour éviter à Madame des refus, ou tout au moins un accueil très pénible. Cela dit, je m’empressai d’aller chez cette princesse, puisqu’elle désirait me voir. A peine entrai-je :