richesses de la science et à prier pour votre longue vie. » Et il se tint à cette résolution. Quand je vis qu’il parlait sincèrement et non par sentiment de /’étiquette, je lui fis donner un traitement annuel de 1 200 miscals d’or, payables sur le trésor de Nishapur. Il retourna à Nishapur, s’adonna à l’étude des sciences, surtout de f astronomie, et devint par la suite un astronome hors ligne… »
J’ai grand regret d’aller si vite et de ne pas m’arrêter devant le problème que pose la modération d’Omar Khayyam. Que pensait-il ? En deux mots, pour moi, cet homme s’est très vite renoncé et a vécu avec ses idées de derrière la tête, ne s’occupant des autres que pour en obtenir sa sécuvité. Il se place dans la série très connue des philosophes méprisants.
Hasan Sabâh, lui aussi, vint trouver Nizam el-Mulk. Il invoqua leur pacte, et obtint le poste de chambellan à la Cour. Seulement, à l’encontre d’Omar Khayyam, qui demeura l’ami de Nizam el-Mulk et le savant favori des sultans, Hasan se brouilla avec le Vizir.
Pourquoi ? « Une haine religieuse s’éleva entre eux ! » À mon avis, pas de doute : Hasan dans son esprit avait condamné la dynastie. Il rompit avec son ami, au moment où Alp Arslan mourut et que Mélik shah lui succéda, au moment où la circonstance avait dû lui paraître favorable pour une révolution dans l’État. Le fait de Hasan ne peut être d’un ambitieux vulgaire et d’un ingrat, car toute sa vie, par la suite, nous révèle un politique poursuivant avec un génie criminel d’immenses desseins. En outre, nous savons qu’il appelait avec mépris le sultan, « ce Turc, » et le Vizir, « ce paysan. » Et le choix de ces deux termes indique qu’il détestait dans le souverain un étranger, un non-Persan, et dans son ancien condisciple une âme intéressée et basse, incapable de se régler sur un idéal. Ce Nizam el-Mulk, qui se renferme dans son loyalisme et croit avoir assez à faire d’administrer un grand royaume, c’est ce qu’aujourd’hui nous appellerions un rallié. Il appartient de naissance à la vieille aristocratie persane dépossédée, il descend des dirigeants d’autrefois, c’est le fils des vieux serviteurs des Sassanides ; sa destinée lui paraît être de retrouver les places qu’ont tenues ses pères. Il lui suffit de redevenir dans le nouvel ordre de choses un grand seigneur. Il n’a pas la force d’âme de Hasan, qui veut tout contraindre et modeler selon ses rêves, non plus